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Crédit immobilier: ce qui change pour votre assurance-emprunteur le 1er juin

Le changement d'assurance-emprunteur peut se faire à tout moment et le questionnaire médical est supprimé pour certains crédits immobiliers.

Une petite révolution est en marche dans l'assurance-emprunteur. A compter de ce mercredi 1er juin, les conditions pour en changer sont simplifiées et les informations à donner sur votre santé sont moins exigeantes. Trois principaux changements sont à retenir.

1. Changer d'assurance à tout moment

L'assurance-emprunteur est une assurance que vous souscrivez lorsque vous faites un crédit immobilier dans une banque. Cela permet de garantir le paiement de votre prêt si vous n’êtes plus en mesure de le faire, principalement en cas de décès ou d’invalidité. Jusque-là, les règles étaient assez strictes. Vous aviez le droit de changer d’assurance quand vous le vouliez pendant la première année de votre crédit immobilier (en envoyant un courrier recommandé au moins 15 jours avant la date anniversaire de la signature) puis une fois par an à la date anniversaire de votre contrat d’assurance (en envoyant un courrier recommandé au moins 2 mois avant la date anniversaire de la signature).

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Dans la pratique, vous deviez envoyer une demande de résiliation à votre assureur ainsi qu'une demande de substitution d'assurance à votre banque et enfin informer votre nouvel assureur de la réponse de la banque. Un processus compliqué et, dans les faits, peu de personnes changeaient d'assurance-emprunteur.

Mais depuis de ce 1er juin, c'est beaucoup plus simple. Si vous souscrivez un contrat d'assurance à partir de cette date, vous avez désormais la possibilité de changer à tout moment d'assureur dès la signature du prêt, sans délai particulier à respecter. En revanche, le processus reste le même: envoyer une demande de résiliation à votre assureur, faire une demande de substitution d'assurance auprès de votre banque et enfin informer votre nouvel assureur.

Pour les prêts déjà signés et donc déjà assurés avant le 1er juin, il faudra encore patienter puisque les anciennes règles sont en vigueur jusqu'au 31 août 2022 inclus. A partir du 1er septembre 2022 toutefois, la possibilité de changer à tout moment d'assurance s'appliquera à tous les contrats, anciens comme nouveaux. Il y aura juste une condition à respecter: que l’assurance-emprunteur soit équivalente chez la concurrence.

2. La fin du questionnaire de santé pour de nombreux prêts

Autre évolution, c’est la fin du questionnaire de santé pour de nombreux prêts. L'assureur a désormais interdiction de vous faire remplir un questionnaire médical si votre prêt ne dépasse pas 200.000 euros par personne (soit 400.000 euros pour un couple) et que le terme du crédit intervient avant votre 60ème anniversaire.

Ainsi, par exemple, si vous souscrivez un prêt immobilier de 190.000 euros sur 25 ans à 32 ans (le terme du prêt intervient donc après votre 57ème anniversaire), vous n'aurez plus besoin de remplir un questionnaire médical. L'assureur n'a pas non plus le droit de vous faire passer un examen de santé.

En revanche, si vous empruntez 100.000 euros sur 20 ans à 45 ans (le terme du prêt intervient donc après votre 65ème anniversaire), l'assureur a le droit de vous faire remplir un questionnaire médical. Il faut le faire en toute bonne foi, sans oubli volontaire ou fausse déclaration. Dans le cas contraire, "si l'assureur vient à déceler la supercherie lorsque vous lui demandez le remboursement de votre crédit, il pourra refuser de vous indemniser ou obtenir la résiliation de votre contrat d'assurance", précise le site service-public ici.

3. Un droit à l'oubli médical renforcé

Pour les personnes qui empruntent et qui ont ou ont eu ce qu'on appelle "un risque de santé aggravé" à cause d'une maladie ou d'un handicap, c'est la convention Aeras ("S'Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé") qui s'applique en matière d'assurance-emprunteur. Dans ce cadre, il existe ce qu'on appelle un droit à l'oubli. Autrement dit, vous n'avez plus besoin de mentionner une ancienne maladie grave au bout d'un certain délai.

A compter du 1er juin, le délai du droit à l'oubli pour les cancers et les hépatites C est ramené de 10 ans à 5 ans. Concrètement, votre protocole thérapeutique doit être terminé depuis au moins 5 ans et il ne doit pas y avoir eu de rechute depuis. Ensuite, pour pouvoir bénéficier de ce droit à l'oubli, le terme de votre crédit doit intervenir avant votre 71ème anniversaire.

A quelles économies s'attendre?

Les économies envisagées avec ces changements vont dépendre de nombreux facteurs, entre la durée du crédit assuré et le niveau de capital à rembourser. Mais elles devraient être substantielles en théorie. Le marché de l’assurance emprunteur représente près de 7 milliards d’euros chaque année de primes pour les gens qui ont un crédit immobilier, d’après les données de France Assureurs pour 2020. Selon l’UFC Que Choisir, grâce à la possibilité de changer à tout moment d’assurance, cela permettra des économies d’environ 550 millions d’euros par an.

Concrètement, pour un ménage, qu’est-ce que cela représente? Toujours d’après les estimations de l’UFC Que Choisir, un couple âgé de 35 ans, qui rembourse déjà son prêt sur 20 ans depuis 5 ans, peut espérer économiser 13.000 euros sur l’ensemble de la durée de son crédit avec une meilleure assurance. Pour un couple de 2 personnes âgées de 55 ans et qui viennent tout juste de signer, cela peut même grimper jusqu’à 15.000 euros pour un prêt sur 20 ans. Ces simulations ont été faites pour un crédit de 200.000 euros souscrit au taux de 1% sur 20 ans, avec une quotité assurée de 75% pour chaque emprunteur.

Pourtant, ces changements pourraient aussi entraîner des surcoûts pour certains ménages. Les banques, qui sont aujourd'hui ultra-dominantes sur le marché de l'assurance-emprunteur où elles font de confortables marges, pourraient se rattraper… en augmentant les taux des crédits immobiliers. Ensuite, du fait de la fin du questionnaire médical et du renforcement du droit à l'oubli, les assureurs vont devoir augmenter les cotisations pour l'ensemble des emprunteurs (ceux en bonne santé et les autres). Le comparateur d'assurances-emprunteurs Magnolia.fr table ainsi sur une hausse de 8 à 25% des prix des assurances sur les crédits de moins de 200.000 euros. Certains assureurs envisagent même de ne plus assurer les crédits en-dessous de 200.000 euros plutôt que d'augmenter leurs tarifs. D'autres enfin vont préparer de nouvelles offres et remplacer le questionnaire médical par d'autres données: âge, catégories socio-professionnelles, tabagisme, sport à risque…

https://twitter.com/jl_delloro Jean-Louis Dell'Oro Rédacteur en chef adjoint BFM Éco