C’est l’une des inquiétudes régulièrement relayées par les courtiers en crédit immobilier. Les seuils d’usure des prêts à l’habitat - le taux plafond au-delà duquel les banques ne peuvent légalement pas prêter d’argent - sont trop faibles en comparaison des taux moyens pratiqués par les établissements de crédit. Ces derniers se sont établis en novembre à 2,25% en moyenne, pour un taux maximum autorisé à 3,05% si le prêt s’étale sur 20 ans et plus.

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Une bouffée d’oxygène devrait cependant arriver au 1er janvier 2023. Comme à chaque début de trimestre, la Banque de France mettra à jour ce seuil. Pour ce faire, elle calcule les taux moyens pratiqués par les banques sur les trois mois précédents, en majorant le résultat d’un tiers. Étant donné que les taux des crédits immobiliers augmentent chaque mois, l’usure devrait suivre la même direction. Reste donc à connaître l’ampleur du phénomène.

Entre 35 et 55 points d’augmentation

Les intermédiaires du crédit, qui constatent les prêts des taux décaissés par les banques, fournissent une estimation : “Il est raisonnable d’envisager une remontée des taux d’usure de 55 points au moins le 1er janvier, prédit dans un communiqué Sandrine Allonier, porte-parole du courtier Vousfinancer. Il atteindrait alors 3,60%, ce qui redonnerait de l’air au marché, et permettrait de faire passer des dossiers de crédit actuellement bloqués.” Si tel était le cas, la hausse serait supérieure à celle constatée au 1er octobre, date à laquelle le taux d’usure avait augmenté de 48 points sur les crédits de 20 ans et plus.

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"Dans le scénario le plus négatif, on atteindrait 3,35%. Le meilleur, et ce serait fortement symbolique, permettrait d’aboutir à 3,50%”, prédit, plus prudente, Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux. Soit une hausse comprise entre 30 et 45 points de base.

Une éclaircie de courte durée ?

L’embellie serait cependant de courte durée pour les candidats à la propriété. À la manière de ce qui s’est produit en octobre, les banques pourraient dans le même temps remonter rapidement les taux et ainsi mettre fin à l'embellie. Les établissements de crédit doivent en effet faire face à l'augmentation significative du coût de l’argent. Le taux de refinancement de la Banque centrale européenne, qui leur permet d’emprunter pour ensuite prêter, a été significativement relevé, pour atteindre 2%.

L’autre indicateur scruté par les banques, la dette française (OAT) à 10 ans, procure un peu plus d’espoir. Son taux a certes diminué - passant de 3% au 21 octobre à 2,30% au 5 décembre -, mais demeure trop élevé pour reconstituer la rentabilité du produit. “On peut espérer avoir des prêts moyens à 3% si la dette française se stabilise à 2,3%”, estime Maël Bernier. Mais bien malin qui peut prévoir un tel scénario.