Manque de gynécologues dans les Pays de la Loire : la CPAM propose des solutions

Pour mieux orienter les femmes dans leur parcours de santé intime, l'Assurance maladie des Pays de la Loire lance une campagne d'informations face à la pénurie de gynécologues.

De gauche à droite : Pascal Rochois directeur de la CPAM72, Thomas Bouvier sous-directeur de la CPAM de Loire-Atlantique, Dr Marion Lassalle Gérard médecin généraliste, Dr Pia de Reilhac gynécologue, Célia Tomasi sage-femme.
De gauche à droite : Pascal Rochois directeur de la CPAM72, Thomas Bouvier sous-directeur de la CPAM de Loire-Atlantique, Dr Marion Lassalle Gérard médecin généraliste, Dr Pia de Reilhac gynécologue, Célia Tomasi sage-femme. (©Farah Sadallah / Actu Nantes)
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Médecins généralistes, sages-femmes et gynécologues peuvent prescrire et délivrer des soins tout au long du parcours de santé intime des femmes. C’est l’un des messages phares que souhaite faire passer l’Assurance maladie des Pays de la Loire, ce mercredi 8 juin 2022 dans ses locaux à Nantes dans le cadre de sa campagne inédite en France.

En collaboration avec l’Union régionale des médecins libéraux (URML), et l’Union régionale des professionnels de santé sages-femmes (URPS), la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) souhaitent rompre avec la méconnaissance de certaines femmes sur leurs soins intimes en les informant sur les différents professionnels de santé intervenant dans ce parcours.

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Forte diminution de gynécologues médicaux 

Cette prise de position fait suite à la forte diminution du nombre de gynécologues médicaux dans les Pays de la Loire et dans le reste de la France. Entre 2017 et 2021, la profession gynécologique médicale a connu une baisse de 30 %, indique Thomas Bouvier, sous-directeur de la CPAM en Loire-Atlantique. 

Sachant qu’en France, seuls 80 gynécologues médicaux sont formés par an, précise la Docteur Pia De Reilhac, gynécologue médicale. Ainsi entre 2020 et 2021, seulement 35 spécialistes ont été répartis sur l’ensemble de la région, soit 2,2 médecins pour 100 000 habitants, selon la CPAM. 

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Des disparités territoriales importantes

À cela s’ajoutent des disparités territoriales importantes, puisque la Sarthe ou la Mayenne comptent respectivement 2 et 1 gynécologue médical contre 22 en Loire-Atlantique, soit 0,8 spécialiste pour 100 000 habitants en Sarthe et en Mayenne, contre 3,7 en Loire-Atlantique.

Quant à la Vendée et le Maine-et-Loire, leur démographie est quasiment identique et faible avec respectivement 1,7 et 1,5 gynécologue médicaux pour 100 000 habitants. 

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Pourquoi une telle pénurie ?

Il y a 35 ans en 1982, la France arrêtait la formation de gynécologues médicaux, en raison de l’absence d’équivalence de diplôme au niveau européen, regrette la Docteur Pia De Reilhac. Ainsi pendant 17 ans, aucun gynécologue médical n’a été formé, avant la mise en place d’un nouveau diplôme en 2003. 

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Ce nombre d'années a créé un vide énorme et les patientes n'ont pas pris l'habitude de parler aux médecins de leur santé intime. Et les gynécologues obstétriciennes, celles qui s'occupent des accouchements et des opérations chirurgicales, n'ont pas comblé ce manque, car ce n'est pas tout à fait le même métier.

Docteur Pia De ReilhacGynécologue médicale

Quel différence entre les gynécologues obstétriciens et médicaux ?

Les gynécologues médiaux s'occupent du suivi des grossesses, des dépistages et de la prescription de contraceptif. Alors que les gynécologues obstétriciens gèrent les opérations chirurgicales, et les accouchements.
Ainsi leur démographie n'est pas la même, bien que la spécificité obstétricienne connaisse aussi une pénurie.
Entre 2017 et 2021, le métier a connu une baisse de 2,1%, rapportant le nombre à 8,9 médecins pour 100 000 habitants.

De ce fait, le renouvellement de la génération va prendre du temps, assure Thomas Bouvier. D’autant plus que « beaucoup de gynécologues formés restent pratiquer à l’hôpital. On a quelques rares installations et elles sont peu à Nantes. Ou alors les gynécologues se spécialisent de plus en plus en échographie », poursuit la Docteur Pia De Reilhac. 

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Les sages-femmes se font de plus en plus nombreuses

Mais ce constat est à nuancer. Car à l’inverse, les sages-femmes se font de plus en plus nombreuses. Leur nombre a augmenté de 23 % dans la région entre 2017 et 2021, selon les chiffres de la CPAM.

La moitié d’entre elles font des suivis gynécologiques et réalisent des frottis dans les Pays de la Loire, mais à condition que la patiente soit en bonne santé, sans quoi elle sera orientée vers un gynécologue.

Autrement, huit sages-femmes sur 10 prescrivent des contraceptifs. Une manière d’atténuer le désert médical provoqué par le manque de gynécologues. 

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Les médecins traitants montent en compétences

Il en est de même pour les médecins traitants qui montent en compétences. Ils sont un quart à pouvoir assurer un suivi et pratiquer les frottis dans la région. Et huit médecins sur 10 peuvent prescrire des contraceptifs. 

Une bonne nouvelle pour les Ligériennes, sachant que 90 % des habitants dans les Pays de la Loire ont un médecin traitant aujourd’hui, selon le sous-directeur de la CPAM. Même si, cela reste souvent compliqué de trouver un premier rendez-vous chez un professionnel médical. 

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Une méconnaissance réelle sur le suivi de leur santé

Néanmoins, l’Assurance maladie ne souhaite pas uniquement communiquer sur les différents professionnels aptes à suivre le parcours de santé intime des femmes. Il y a une méconnaissance réelle de ces dernières sur le suivi de leur santé, qui est en partie due à l’arrêt du diplôme entre 1982 et 2002

Par exemple, 51,9% des femmes âgées entre 60 et 65 ans ont réalisé leur dépistage du cancer du col de l’utérus en 2018, contre 77,5% pour les femmes âgées entre 29 et 39 ans.

Les femmes de plus de 50 ans pensent à tort ne plus être à risque du cancer du col de l'utérus et ont donc tendance à ne plus se faire dépister.

CPAM des Pays de la Loire

Il en est de même pour les femmes vaccinées contre le papillomavirus. Seul un tiers des jeunes filles de 14 ans possède une vaccination complète, selon Thomas Bouvier. 

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« On peut réaliser une mammographie jusqu’à ses 74 ans »

Autre problématique, les femmes ménopausées qui ne vont plus chez le gynécologue. « On peut réaliser une mammographie jusqu’à ses 74 ans, assure la gynécologue. Les cancers du sein c’est jusqu’à 95-98 ans. »

Enfin, la gynécologue médicale Pia De Reilhac rappelle également que le cancer de l’endomètre et des ovaires peut encore se déclarer entre 70 et 75 ans. 

L’ensemble de ces préventions sont désormais accessibles sur le site parcours-santé-intime.fr. Autrement un mailing va être envoyé aux femmes qui n’ont pas fait de frotti depuis plus de deux ans. 

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