Le Crédit agricole mise sur Montrouge

Montrouge va vivre une révolution.Dans moins de six mois, le Crédit agricole va emménager sur 8 ha en centre-ville. A la clé : 9 000 emplois, un parc et des retombées financières.

 Le Crédit agricole mise sur Montrouge

    Au printemps 2009, le Crédit agricole, basé boulevard Pasteur dans le XVe arrondissement, veut regrouper ses sept entités en un seul endroit. « Il fallait trouver un grand site qui colle à notre image verte, donc un campus, se souvient Jacques Lenormand, conseiller et pilote de l'opération. Début juin, on a découvert Evergreen. » Quelques semaines plus tard, l'achat n'est plus qu'une formalité. La vente des deux parcelles est signée en décembre 2009, puis en janvier 2010. Il y a un jardin et des canards qui barbotent sur l'étang? Le nom de code de l'opération sera Colvert. « Ils ont agi avec une vitesse, une réactivité extraordinaire pour un tel groupe », lâche Jean-Loup Metton, le maire NC de Montrouge.

    9000 salariés-âmes de plus. Colvert est véritablement une opération pharaonique. Cet emménagement sur les anciens terrains Schlumberger, rachetés depuis par l'américain Carlyle, représente l'un des plus gros transferts de personnels qu'ait connus le département. Le déménagement prévu en septembre n'est qu'un début. Premiers arrivants, « ceux du 14e », selon le Crédit agricole â?? comprendre la direction générale, installée au 14e étage de l'immeuble du boulevard Pasteur, à Paris. A terme, fin 2013, Montrouge comptera pas moins de 9000 personnes supplémentaires venues des différentes filiales. D'ici là, la banque verte aura fait construire 110000 m2 supplémentaires. L'ardoise défie l'entendement. Le site et les bâtiments existants ont coûté 420 Mâ?¬, le CA en prévoit 200 de plus pour l'aménagement des bureaux et des jardins et table sur au moins 600 millions de plus pour construire les nouveaux bâtiments. Le cap du milliard est franchi. « Nous vendrons nos autres immeubles, dont celui de La Défense. Dès 2012, on économisera des dizaines de millions », prédit la direction.

    Un diamant de 4 ha. Pas question de rogner sur les espaces verts. « Nous allons aménager les 4 ha de jardins », promet le Crédit agricole. Ce gigantesque parc sera la vitrine de la banque verte. Début avril, un appel d'offres international a été lancé auprès des plus grands paysagistes de la planète afin de le mettre encore plus en valeur. « Ces jardins sont déjà très beaux, mais on en veut davantage. La référence, ce sont évidemment les jardins Albert-Kahn de Boulogne », détaille Jacques Lenormand. Les habitants de Montrouge ne seront pas seulement spectateurs. « La partie sud du parc sera ouverte au public, se réjouit Jean-Loup Metton. Cela contribuera à intégrer le Crédit agricole dans la ville. »

    Le jackpot pour Montrouge. Au-delà du prestige, l'arrivée du Crédit agricole va avoir des retombées sonnantes et trébuchantes. « Le départ de Schlumberger nous a coûté 4 Mâ?¬ par an. L'implantation du CA va nous en rapporter au moins autant. Cela va booster nos finances. On avait dû étaler les investissements à cause du manque à gagner, là, ils vont repartir. Les commerçants aussi sont impatientsâ?¦ », prédit avec gourmandise le maire. Le Crédit agricole a annoncé également sa volonté d'adhérer à la conciergerie mise en place dans la ville. Alimentation, pressings, voyages, cordonnerie etc., tout ce que les employés ne pourront faire eux-mêmes sera confié aux commerçants locaux. Enfin, le 5 mai, le Crédit agricole participera au 55e Festival d'art contemporain de Montrouge en prêtant à la ville l'ancienne usine Areva, rue Jean-Jaurès. Pierre Deheunynck, le DRH, enfonce le clou : « Nous voulons être un quartier de Montrouge et participer très activement à la vie locale. Pas question de se bunkeriser! »