Les moutons font le siège de la banque à Montrouge

L’agriculteur en conflit avec son ancienne banque est venu de son exploitation d’Ille-et-Vilaine avec ses animaux pour mener cette action devant le siège du Crédit agricole.

 Montrouge, ce jeudi 15 octobre 2020. L’agriculteur Christophe Bidault (assis) en conflit avec le Crédit agricole depuis 12 ans et Sébastien Alaire, président de Banque Info Recours ont organisé une action devant le siège de la banque avec des moutons.
Montrouge, ce jeudi 15 octobre 2020. L’agriculteur Christophe Bidault (assis) en conflit avec le Crédit agricole depuis 12 ans et Sébastien Alaire, président de Banque Info Recours ont organisé une action devant le siège de la banque avec des moutons. LP/Marjorie Lenhardt

    Une poignée de moutons attachés à des poteaux face au puissant et imposant siège du Crédit agricole à Montrouge. L'action, qui s'est déroulée jeudi après-midi, place des Etats-Unis, peut faire sourire mais elle n'est pas passée inaperçue.

    « C'est le pot de terre contre le pot de fer ! » répète à l'envi Christophe Bidault. L'agriculteur a fait le déplacement depuis son exploitation de Saulnières (Ille-et-Vilaine) pour dénoncer avec ses soutiens « les pratiques scandaleuses » de son ancienne banque, par ailleurs connue pour être le sponsor officiel du Mondial de la tonte de moutons. « Je fais partie des moutons qui ont été tondus », ironise le Breton, une corde glissée autour du cou.

    Le producteur de pommes bio est en conflit avec le Crédit agricole depuis une douzaine d'années. Il l'accuse d'avoir utilisé un compte bancaire qu'il avait fermé depuis plusieurs années pour emprunter en son nom. L'affaire démarre en 2007, alors qu'il veut contracter un crédit pour un projet photovoltaïque mais que plusieurs banques lui refusent.

    L'affaire est passée devant la justice. Elle a été classée en première instance mais Christophe Bidault a obtenu 25 000 € de dommages et intérêts en appel, par un arrêt de la cour d'appel de Rennes du 24 juin 2020, qui reconnaît « une faute engageant la responsabilité de la banque ».

    Insuffisant selon l'agriculteur qui avait demandé 700 000 € de dommages et intérêts. Il va donc se pourvoir en cassation. « Je n'ai plus de fichage à la banque de France mais je ne peux toujours pas emprunter car quand vous vous êtes battu pendant 12 ans contre une banque, il y a une solidarité entre elles », dénonce-t-il.

    Les litiges en hausse selon Banque Info Recours

    Convaincu de ne pas être un cas isolé, il s'est rapproché de l'association Banque Info Recours, spécialisée dans les problèmes et litiges que les entreprises et particuliers peuvent rencontrer avec les banques, huissiers et cabinets de recouvrement.

    « L'année dernière, entre 8 000 et 9 000 personnes nous ont sollicités. Les principaux problèmes concernent les frais bancaires qui creusent l'endettement », indique Sébastien Alaire, président de l'association.

    Celle-ci a d'ailleurs été consultée pour la proposition de loi déposée par Alexis Corbière, député (LFI) de Seine-Saint-Denis, en faveur d'un plafonnement des frais bancaires. Mais elle a été rejetée le 4 juin dernier. Le parlementaire était représenté ce jeudi, à Montrouge, par son collaborateur Sylvain Noël.

    « La situation entre clients et banques est de plus en plus conflictuelle. Le mutisme employé par les banques face aux demandes des clients entraîne de graves conséquences. La règle des 3 D s'applique : dépôt de bilan, divorce et dépression », regrette l'agriculteur de Saulnières.

    Contactée, la Fédération nationale du Crédit agricole n'a pas donné suite à nos sollicitations.