Loire/Haute-Loire Les défis de la nouvelle directrice du Crédit agricole

Gaëlle Régnard est la nouvelle directrice générale du Crédit agricole Loire/Haute-Loire depuis le 1er  avril. Cette Bretonne de 48 ans, qui a grandi à Grenoble, succède à Gérard Ouvrier-Buffet, avec trois enjeux prioritaires pour son établissement bancaire : la digitalisation, le réseau et la décarbonation.
Propos recueillis Frédérick MACÉ - 28 avr. 2022 à 12:00 - Temps de lecture :
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Gaëlle Régnard : « Je ne suis pas inquiète de la hausse des taux d’intérêt, je pense que les entreprises vont continuer à investir compte tenu des enjeux. » Photo fournie par le Crédit agricole
Gaëlle Régnard : « Je ne suis pas inquiète de la hausse des taux d’intérêt, je pense que les entreprises vont continuer à investir compte tenu des enjeux. » Photo fournie par le Crédit agricole
Vous êtes ingénieure agronome de formation, passée par les cabinets ministériels et même celui du Premier ministre, avant de bifurquer vers le secteur bancaire il y a 12 ans. Pourquoi ce virage ?

« J’ai souhaité réorienter ma carrière vers le secteur privé après un parcours dans les services de l’État. Au sein du cabinet du Premier ministre, j’avais eu de nombreux contacts avec les banques et notamment le Crédit agricole qui détient 80 % de part de marché dans le secteur agricole. Je me suis aperçue de la grande capacité de cette banque à mener des projets, à accompagner la filière agricole dans sa reconstruction et son développement avec une réelle capacité d’action. C’est finalement l’agriculture qui m’a menée au Crédit agricole. Je n’étais pas banquière au départ, je le suis devenue, via les formations qualifiantes du Crédit agricole notamment. »

Vous avez pris vos fonctions le 1er avril à la tête du Crédit agricole Loire/Haute-Loire. Ce n’est pas trop compliqué de succéder à Gérard Ouvrier-Buffet qui a occupé ce poste durant 20 ans ?

« C’est un challenge et en même temps, c'est un atout, car Gérard a construit une caisse solide et saine. Nous avons des profils différents, je ne me compare pas. Je ne souhaite pas non plus regarder dans le rétroviseur, mais plutôt regarder vers l’avenir. À moi d’aller à la rencontre des acteurs de ce territoire et de nos clients pour écouter et comprendre leurs besoins. »

« Le premier enjeu, la transformation des besoins sur les outils digitaux »

Avez-vous déjà défini des priorités dans la politique que vous comptez mener ?

« Le premier enjeu est sans aucun doute la transformation des besoins des clients sur les outils digitaux. Le second que nous n’oublions pas, c’est le conseil humain. L’un ne va pas sans l’autre. Nos clients ont besoin d’avoir quelqu’un en face d’eux qui écoute, qui ressente des émotions pour prendre des décisions ensemble, en proximité. Je suis attachée à cette notion de proximité et au maillage de nos points de vente sur le territoire. Le défi va être de le maintenir, notamment en raison de difficultés à recruter. Enfin, le troisième enjeu, ce sont les changements que les entreprises doivent opérer au regard des enjeux climatiques en engageant la décarbonation de leur activité. Les entreprises doivent absolument intégrer cet enjeu dans leur stratégie et pour cela doivent investir. Et nous sommes là pour les accompagner à aller dans ce sens. »

Les contextes sanitaire et international ne sont guère propices à l’activité économique. Quelles sont les perspectives selon vous ?

« Nous allons évaluer la situation de nos clients avec la sortie de la crise sanitaire, mais dans un contexte de crise internationale qui vient de nouveau bousculer leur quotidien. Que ce soit à travers des problèmes d’approvisionnement en fournitures ou à travers la hausse des prix des achats. Les dispositifs de l’État ont été efficaces pour accompagner les entreprises durant la crise sanitaire dont on sort progressivement. Les conséquences de la guerre en Ukraine créent, quant à elles, une incertitude plus marquée et pour une durée difficile à prévoir. Mais malheureusement, je pense que ce contexte de crises, quelle que soit leur nature, va devenir fréquent. Les environnements économiques ne cessent de se complexifier. Il va falloir s’habituer à faire avec, à s’adapter sans cesse. »

Faut-il redouter une hausse des taux d’intérêt du fait de l’inflation ?

« Vous avez vu que la Banque centrale européenne reste très prudente dans la politique de ses taux directeurs. Mais on est effectivement sur une trajectoire de hausse des taux d’intérêt. Je ne suis pas inquiète pour autant je pense que les entreprises vont continuer à investir compte tenu des enjeux que nous avons évoqués. »

Bio express

Gaëlle Régnard, 48 ans, mariée, trois enfants.

1993-1997 : Diplômée de l’Institut national agronomique de Paris-Grignon, puis de l’école d’application des Eaux et Forêts.

1997 : Cheffe de service à la Direction départementale de l’agriculture et de la forêt de la Nièvre.

1999 : Chargée de mission au ministère de l’Agriculture en charge de la filière fruits et légumes.

2002 : Chargée des dossiers agriculture, pêche et alimentation au secrétariat général des affaires européennes.

2008-2010 : Conseillère agriculture au sein du cabinet de François Fillon, alors Premier ministre.

2010 : Directrice agriculture au sein de Crédit agricole SA, structure qui détient les filiales du groupe.

2016 : Directrice générale adjointe du Crédit agricole Nord de France (Nord et Pas-de-Calais).

2019 : Directrice générale de la Fédération nationale du Crédit agricole.

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