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La fermeture des distributeurs de billet n’est pas une fatalité selon le Crédit Agricole de Haute-Garonne

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Avec le développement du paiement dématérialisé par carte bleu, les distributeurs de billets ont tendance à disparaitre dans les communes rurales. Invité de France Bleu Occitanie, le directeur Data du Crédit Agricole de Haute-Garonne explique comment l’accès aux espèces doit continuer à être assuré.

La commune de Gragnague a installé son propre distributeur de billet sur la commune La commune de Gragnague a installé son propre distributeur de billet sur la commune
La commune de Gragnague a installé son propre distributeur de billet sur la commune © Radio France - Pascale Danyel

En Haute-Garonne la commune de Gragnague à l’est de Toulouse vient d'installer son premier distributeur automatique de billets (DAB), et c'est un succès : 200.000 euros retirés en cinq mois. Le maire, Daniel Calas, n'a pas trouvé de banque pour faire les travaux et installer un distributeur, alors il a décidé de s'en charger. Coût de l'opération : 10.000 euros de frais d'installation et un loyer à la Brink's, gratuit la première année puis mensuel et proportionnel au nombre de retraits. 

D’après les chiffres communiqués par la banque de France, la baisse du nombre de DAB est constante en France. Fin 2018, on en comptait 52.700 et fin 2020, 48.710.

France Bleu Occitanie a choisi de donner la parole aux banques pour comprendre pourquoi il y a de moins en moins de distributeurs de billets. Christophe Le Beaudour, directeur data, développement et finances au Crédit Agricole de Haute-Garonne répond à nos questions.

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Est-ce que vous confirmez que vous, Crédit Agricole, vous désertez de plus en plus sur les petites communes ? 

Certainement pas. Je vais commencer par rappeler quelques chiffres : au niveau national tout d’abord, pour dire que les distributeurs de billets sur le territoire français sont relativement stables en nombre. On a une légère érosion, mais c'est surtout dans les endroits très urbains sur lequel il y a un équipement qui est massif. 

Alors attendez, on comptait 53.000 DAB en 2018. On est actuellement à 49.000. Donc il y a une vraie érosion quand même ?

Il y a une érosion de quelques milliers et par rapport à ça, ce qu'il faut ajouter, c'est que s'est développé avec cette désertion, ce qu'on appelle des points relais qui sont des partenariats développés notamment par le Crédit Agricole sur la région de la Haute-Garonne ou avec des commerçants, tabacs, boulangerie. On développe un partenariat qui permet d'accéder aux espèces gratuitement pour les clients. 

Mais pour rester sur vos chiffres, combien de distributeurs Crédit Agricole en Haute-Garonne aujourd’hui, et combien il y en avait il y a deux ans ? 

190 distributeurs de billets au Crédit Agricole aujourd'hui. Il y en avait 189 il y a deux ans. Donc nous enregistrons même une légère progression. En fait ce qu'on constate, c'est qu'il y a des déplacements : les distributeurs de billets pouvaient être là à un moment donné, les populations bougent et donc on s'adapte aussi. Ce qui ne veut pas dire qu'on déserte le milieu rural. On est très attaché à maintenir au Crédit Agricole un maillage dense. Donc, à 690 distributeurs de billets, il nous faut ajouter les 76 points relais qu'on a développé dans les communes plus rurales, de façon à assurer l'accès au cash aux clients du Crédit Agricole.

Donc, ça veut dire qu'une agence toute seule en milieu rural, c'est quand même pas forcément très rentable. C'est pour ça que vous vous mettez ces services-là chez des commerçants ? 

Une agence toute seule en milieu rural, ce n’est pas forcément très rentable. Ce n'est pas la raison pour laquelle le Crédit Agricole sera amené à revoir son dispositif, c'est l'évolution des usages. Quand vous voyez que les clients aujourd'hui ont maintenant massivement recours au paiement par carte, surtout avec le développement du paiement sans contact et l'augmentation du plafond, quand vous voyez que nous sur les retraits, c'est une baisse de moins 40 % qu'on a enregistré en cinq ans simplement sur la Haute-Garonne, vous adaptez votre dispositif à l'évolution des usages de vos clients. 

Il n'empêche, la liste des communes comme Gragnague en Haute-Garonne, qui se mettent à louer un distributeur de billets s’allonge. Comment vous expliquer ce phénomène-là ? Est-ce que ça vous paraît normal ? 

Moi, j'appellerai ça le «pas partout pareil». Dans les métiers de gestion des espèces et du cash, les banques sont un des grands spécialistes. Il y a un deuxième grand spécialiste qui sont les convoyeurs de fonds, notamment sur les sujets de sécurité. Il se trouve qu'ils ont aussi une capacité à répondre présent. Il faut savoir qu'au mois d'octobre, il y a aussi un partenariat qui vient d'être signé entre les buralistes et un convoyeur de fonds. C'est une tendance qui est quand même une tendance assez forte contre laquelle on ne lutte pas, mais avec laquelle on travaille. 

Est-ce qu'on peut imaginer que d'utiliser de l'argent liquide va devenir de moins en moins rentable ? 

Utiliser de l'argent liquide, c'est presque philosophique, cela n'a pas vocation à être rentable puisque une de nos responsabilités, c'est d'assurer en permanence l'accès au cash, notamment l'accès au cash que détiennent nos clients. Donc non, la question ne se pose pas comme ça. Elle se pose vraiment en terme d'usage. Comme vous le voyez, la musique, la radio, ça se consomme de plus en plus en digital. La banque aussi, c'est un peu pareil, ça se consomme de plus en plus en digital. 

Certains commerçants disent qu'ils perdent beaucoup d'argent avec les petits paiements en carte bleue. Est-ce que c'est vrai, ça ou pas ? 

Les petits paiements en carte bleue, les commerçants ne perdent pas plus d'argent que sur les gros paiements. Il faut savoir que le taux des frais en carte bleue à l'époque lointaine où j'ai commencé ma carrière, il était à plus de 1 %, et il est aujourd'hui nettement inférieur, il a été divisé par 5 en quelques années. Donc aujourd'hui, un paiement par carte par rapport aux services que ça apporte, notamment en terme de sécurité, l'absence de gestion de fonds de caisse, c'est un service qui est rentable pour tous les commerçants, quel que soit le montant du paiement. 

Est-ce qu'on peut imaginer que d'ici quelques mois ou années peut être, on utilisera plus du tout d'argent liquide ? 

C'est vraiment très difficile à dire. Personnellement, je pense qu'on garde quand même dans des circonstances particulières, parce que vous le savez un peu comme il y a les zones blanches en matière de couverture téléphonique, il y aura aussi des zones blanches en matière d'accès aux paiements par carte. En ce sens, les espèces restent disponibles. Même si je tiens à rajouter qu'en matière de possibilité de payer par carte, on a aujourd'hui des techniques qui se sont très fortement développées. Dans beaucoup de marchés de plein vent aujourd'hui, vous accédez à des terminaux qui permettent de payer sans avoir de connexion filaire. 

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