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Les ONG dénoncent le « chèque en blanc » de 8 milliards accordé par les banques à TotalEnergies

Les ONG de défense de l'environnement dénoncent un prêt général qui pourrait financer les nouveaux projets pétro-gaziers du groupe, en contradiction avec les recommandations scientifiques de l'Agence internationale de l'énergie.

Ce prêt de 8 milliards pourrait notamment servir à financer le projet EACOP, en Ouganda, alors que les banques elles-mêmes ont refusé de s'engager dessus.
Ce prêt de 8 milliards pourrait notamment servir à financer le projet EACOP, en Ouganda, alors que les banques elles-mêmes ont refusé de s'engager dessus. (iStock)

Par Gabriel Nédélec

Publié le 17 mai 2022 à 06:30Mis à jour le 17 mai 2022 à 08:53

Voilà un sujet sur lequel les banques ne manqueront pas d'être interrogées pendant leurs assemblées générales. Les ONG de défense de l'environnement accusent trois des plus grandes banques françaises - BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole - d'avoir signé, aux côtés de neuf autres établissements, un « chèque en blanc » de 8 milliards de dollars au géant TotalEnergies, présenté comme le plus important crédit accordé à la major depuis la signature de l'Accord de Paris.

Outre le montant, c'est le fait que ce prêt soit libellé « general corporate purposes » (besoins généraux de financement) qui inquiète particulièrement les ONG. « Il servira à financer l'intégralité des opérations de l'entreprise, y compris le déploiement de nouveaux projets pétro-gaziers », dénonce Reclaim Finance, citant notamment EACOP, un mégaprojet pétrolier traversant l'Ouganda et la Tanzanie. Un projet que, justement, les banques françaises ont décidé de ne pas soutenir étant donné son caractère très controversé.

Pour les ONG, il s'agit d'une aberration alors que l'Agence internationale de l'énergie (AIE), l'organisme de référence pour le secteur, estime que pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C, il est nécessaire de cesser l'expansion de l'industrie pétro-gazière. TotalEnergies « est en pleine expansion et se hisse au rang du 7e plus gros développeur de projets pétro-gaziers au monde », dénonce Reclaim Finance.

Prêt de court terme

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Outre les trois banques précédemment citées, 9 autres établissements sont impliqués dans cette transaction avec un rôle secondaire, comme le français Natixis, l'américain JP Morgan ou encore l'allemand Deutsche Bank. Interrogé, TotalEnergies n'a pas précisé aux « Echos » pour quels usages ces lignes de crédit renouvelables (revolving credit facilities) avaient été souscrites. BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole n'ont pas non plus souhaité réagir.

Selon une source bancaire, il s'agit cependant d'un prêt de court terme d'un an octroyé pour répondre aux incertitudes du contexte économique actuel. Cette ligne de crédit mise à disposition de TotalEnergies - mais pas forcément tirée, précise cette source - doit donc répondre aux besoins de liquidités du groupe dans le contexte détérioré du marché obligataire. « C'est une mesure de précaution prise par le groupe », poursuit cette source bancaire. « Les banques sont là pour financer les entreprises et il est tout à fait normal que Total reçoive des crédits des banques françaises », ajoute une autre source.

« Rendre des comptes »

Si les ONG reconnaissent la nécessité de soutenir Total, notamment pour le développement d'énergies renouvelables, elles dénoncent le fait que ce prêt soit accordé « sans condition », s'insurge Lucie Pinson, à la tête de Reclaim Finance. « Ce n'est pas possible de financer une entreprise dont 70 % des Capex [dépenses d'investissement, NDLR] sont représentés par les énergies fossiles sans lui demander des comptes alors que l'on s'est engagé pour la neutralité carbone », dit-elle.

Elle appelle les banques à ne pas soutenir le plan climat de Total qui sera mis au vote lors de l'assemblée générale du groupe, le 25 mai prochain. Cette grande réunion fait d'ores et déjà l'objet d'une intense bataille entre le géant français et certains investisseurs, qui lui demandent de faire plus pour le climat.

Gabriel Nedelec

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