Salaires : les négociations dans l'impasse dans le secteur bancaire
Les négociations salariales annuelles sont bloquées dans le secteur bancaire, les syndicats exigeant d'être reçus à Bercy et au ministère du Travail. Le dialogue social se tend dans le secteur alors que l'inflation poursuit sur sa lancée en mars, en raison de la flambée des prix de l'énergie.
Par Édouard Lederer
Mauvaise surprise. Après les augmentations collectives obtenues pour 2022 dans plusieurs grands groupes bancaires, les discussions salariales au niveau de la branche professionnelle (Association française des banques ou AFB) - qui concernent les établissements de plus petite taille - auraient pu se dérouler sans encombre.
Mais rien ne se passe comme prévu, et ces négociations annuelles obligatoires (NAO) se trouvent désormais bloquées, syndicats et organisation patronale s'invectivant par communiqués interposés.
Au point que tout dialogue social est actuellement suspendu au sein de la branche. « Dans l'attente d'être reçus par le ministère de l'Economie et des Finances ainsi que par le ministère du Travail, nous décidons à l'unanimité de suspendre le dialogue social sur l'ensemble des thèmes », ont écrit jeudi les syndicats (CFDT, CFTC, CGT, FO et SNB-CGE/CGC). « L'AFB confirme sa volonté de poursuivre le dialogue social riche et constructif mené avec les organisations syndicales », a réagi le lendemain le patronat.
« Incompréhension totale »
Dans un contexte marqué par l'accélération de l'inflation, syndicats et patronat se livrent à un dialogue de sourds : d'un côté, les représentants du personnel appellent à des augmentations collectives généralisées. En janvier, les syndicats avaient réclamé de concert une augmentation collective générale de 3,2 % dans le secteur . De son côté, l'AFB propose de relever les minima dans les grilles de salaire.
« Vous avez bien compris que vos arguments ne nous ont pas convaincus et que notre incompréhension est totale quant à votre refus d'augmentation générale des salaires malgré les résultats historiques enregistrés par nos entreprises », a écrit l'intersyndicale, qui juge que « la délégation patronale reste sourde ».
« L'Association française des banques a engagé sa négociation annuelle de branche 2022 qui a conduit à une ultime proposition d'augmentation de 2 % de l'ensemble des 55 salaires minima de branche ainsi que la revalorisation de différents planchers. Elle porte le premier niveau significatif de la branche à plus de 13 % au-dessus du SMIC », a, de son côté, argumenté l'AFB.
Pic de tension
Ces discussions de branche interviennent après une vague de hausses collectives , inédite depuis dix ans, au sein des entreprises du secteur. Les NAO déjà conclues chez Société Générale, BPCE, BNP Paribas ou Crédit Mutuel Alliance Fédérale comprenant, dans certaines conditions, des hausses collectives allant de 0,6 % à 1 %. Les discussions se sont également terminées dans la branche Crédit Agricole sur une décision unilatérale de hausse des salaires, mais les syndicats réclament depuis une réouverture des discussions.
Il faut dire que ces négociations ont débuté en 2021, et que l'inflation s'est emballée depuis, dans le sillage de la guerre en Ukraine et de la hausse du coût de l'énergie. En France, l'inflation s'est élevée à 4 % (en rythme annuel) pour le mois de mars, rendant le sujet plus sensible.
« Ce pic de tension intervient aussi car nous entrons en période d'élections sociales », souligne un bon connaisseur du dossier. Une série de scrutins doit en effet se dérouler au sein des banques en 2022 et 2023.
Edouard Lederer