Seine-Saint-Denis : et maintenant, la vaccination au cœur des quartiers

L’Assurance maladie expérimente une nouvelle approche pour vacciner le plus grand nombre : venir au pied des tours pour vacciner sans rendez-vous. Toute la semaine, le dispositif est installé à Noisy-le-Sec. D’autres villes seront concernées à partir de la semaine prochaine.

Noisy-le-Sec, ce mercredi. L'Assurance maladie a lancé une expérimentation cette semaine : vacciner au pied des tours. Elle était ce mercredi dans le quartier du Londeau.
Noisy-le-Sec, ce mercredi. L'Assurance maladie a lancé une expérimentation cette semaine : vacciner au pied des tours. Elle était ce mercredi dans le quartier du Londeau.

    « Vous direz bien qu’il y a eu la tempête ! Parce que d’habitude, je porte une blouse », prend soin de préciser un médecin, seringue en main, et une robuste parka trempée sur les épaules. Depuis ce mardi, la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) 93 expérimente à Noisy-le-Sec un nouveau dispositif de vaccination : s’installer « au pied des tours » et permettre aux habitants qui le souhaitent de faire leur première injection du vaccin Pfizer, sans avoir pris rendez-vous.

    Ce mercredi après-midi, pendant un long quart d’heure, l’équipe installée sous quatre barnums, au cœur du quartier du Londeau, a dû essuyer des rafales de vent et de pluie. Les uns ont rassemblé les dossiers pour ne pas qu’ils s’éparpillent, les autres se sont assurés que les piliers du barnum tenaient bien le choc. Et dès le coup de vent passé, l’équipe a repris là où elle s’était arrêtée et une file d’attente s’est à nouveau formée devant les tentes.

    Environ 300 personnes vaccinées en deux jours

    « Malgré le temps, on a vacciné 105 personnes hier [NDLR : mardi] », se félicite Aurélie Combas-Richard, la directrice de la CPAM 93. Ce mercredi, malgré le nouveau coup de vent, elle pensait frôler les 200 premières injections. « Certains n’arrivent pas à se faire vacciner pour tout un tas de raisons : ils n’obtiennent pas de rendez-vous, ils n’ont pas les moyens de se déplacer… Ou parfois, il leur manque un petit truc pour se décider. Être là peut être la démarche qui va faire pencher la balance », estime-t-elle.

    Les habitants de la cité de la Renardière mardi, et du quartier du Londeau, mercredi et jeudi, ont été informés de la mise en place du dispositif par un SMS de leur bailleur, Noisy-le-Sec Habitat. Des membres de la mairie ont aussi fait le tour des écoles et des crèches pour prévenir le plus grand nombre. « Le bouche-à-oreille fonctionne remarquablement bien », constate Aurélie Combas-Richard.

    La preuve, cet habitant, qui vient d’être prévenu par un voisin, assure être « venu direct ». « Ça fait plaisir, tout le monde s’est organisé pour être ici », sourit-il. Cette autre riveraine, dit « avoir couru pour venir » après son travail. « J’ai 54 ans et je suis diabétique. J’avais demandé à mon médecin traitant mais il n’avait pas de vaccin, détaille-t-elle. Quand on a des problèmes chroniques comme moi, le Covid est une maladie qui fait peur. »

    Les agents de la ville aussi concernés

    Dans la file d’attente, une femme d’apparence bien plus jeune remplit également les papiers : elle habite Gagny mais travaille à la médiathèque du quartier. « On ne voulait prendre la place de personne mais on nous a dit que les agents pouvaient venir aussi, explique-t-elle. Je n’avais pas cherché de rendez-vous avant. J’attendais car je ne suis pas dans les tranches d’âge concernées. Mais c’est vrai qu’on est au contact du public. »

    Noisy-le-Sec, ce mercredi. Cet habitant âgé de 60 ans n'aura besoin que d'une dose de vaccin car il a été malade du Covid-19 à l'automne.
    Noisy-le-Sec, ce mercredi. Cet habitant âgé de 60 ans n'aura besoin que d'une dose de vaccin car il a été malade du Covid-19 à l'automne.

    Le maire (PCF) Olivier Sarrabeyrouse confirme que le dispositif s’adresse aux habitants du quartier et aux agents. Sa commune s’était positionnée, dès janvier, pour accueillir un centre de vaccination, mais cela ne s’était pas concrétisé. « On a donc monté plusieurs dispositifs comme l’accompagnement des personnes âgées vers les centres de vaccination, une plateforme téléphonique pour aider à la prise de rendez-vous et les bus municipaux, retrace l’élu. On a utilisé tout ce qu’on pouvait. » Un peu plus de 1 000 personnes habitant Noisy-le-Sec ont déjà été vaccinées.

    « En Seine-Saint-Denis, il y a une complémentarité entre le méga centre du Stade de France, les 26 centres de proximité, notre centre de Bobigny [NDLR : destiné aux publics précaires] », vante Aurélie Combas-Richard, citant aussi le Bus de la vaccination mis en place par le conseil départemental. Après Noisy-le-Sec, d’autres villes accueilleront à leur tour les « piqueurs » de l’Assurance maladie en pied d’immeuble. Des contacts ont notamment été pris avec Saint-Ouen.

    Selon les données de Santé publique France, au 4 mai, 7,7 % des habitants de Seine-Saint-Denis, tous âges confondus, avaient reçu deux doses de vaccins et 17,1 % au moins une dose.