Le Comité de coordination tripartite s’était réuni mardi 22 et mercredi 23 mars 2022 avec les syndicats, le patronat et le gouvernement afin de trouver des solutions à la hausse des prix de l’énergie et échanger autour de l’indexation des salaires.

Lors de ces rencontres, une série de mesures avait été évoquée comme la réduction de 7,5 cents d’euros par litre de carburant (Mazout, Diesel, Essence) jusqu’à fin juillet 2022, le gel des loyers jusqu’à la fin de 2022, l’adaptation de la « Prime House » pour la rendre plus sociale, l’adaptation du crédit d’impôt lié à la taxe CO2, l’introduction d’aides spécifiques pour les entreprises impactées par les prix énergétiques, des adaptations ponctuelles au niveau des bourses d’études et du REVIS. Il avait été aussi convenu que les personnes souffrant d’une perte du pouvoir d’achat seraient compensées par le biais d’un crédit d’impôt.

Sur le grand principe, ces propositions avaient été acceptées par les différents représentants. Ce paquet de mesures* représente un coût pour le gouvernement de 830 millions d’euros dont 600 millions d’euros d’aides au pouvoir d’achat.

Dans un communiqué de presse, le syndicat LCGB (Lëtzebuerger Chrëschtleche Gewerkschaftsbond) précise que : “ces mesures constituent un paquet adapté à la situation de crise actuelle et à l’imprévisibilité de l’évolution socio-économique dans les mois à venir (…) La gravité de la situation actuelle ne permet pas une remise en cause du modèle de la Tripartite nationale, garant du maintien du système de l’indexation automatique des salaires et de ce fait de la paix sociale au Luxembourg. Le LCGB a décidé de donner son accord au paquet de mesures proposées par le Gouvernement”.

Non, pour décaler les deux prochaines augmentations

Lors de ces deux jours d’échanges avec les syndicats, le patronat et le gouvernement, le sujet de la tranche indiciaire avait donc été abordé. Le gouvernement et les organismes s’étaient mis d’accord pour maintenir l’augmentation de 2,5% des salaires et des pensions pour avril 2022. D’ailleurs, elle sera bien été déclenchée le 1er avril. Selon l’OGBL, “C’est une bonne nouvelle mais ce n’est pas assez“.

Lire Index : les salaires augmentent le 1er avril 2022 au Luxembourg

En revanche, la tranche indiciaire qui, selon les dernières prévisions du Statec, devrait tomber au mois d’août 2022 devrait être décalée à avril 2023. Si une tranche indiciaire supplémentaire devait tomber en 2023, elle serait alors à nouveau décalée de 12 mois et compensée sur la base du même mécanisme de calcul. L’OGBL souhaite mettre en garde le gouvernement sur ce mécanisme dangereux pour l’équilibre social : “Premièrement, repousser de 12 mois en 12 mois n’est pas une bonne chose. Deuxièmement, les compensations pour les salaires les plus bas ne sont pas suffisantes“.

Selon le syndicat, l’indexation des salaires au Luxembourg évite “à l’inverse d’autres pays” des conflits entre les employeurs et les employés. “Il ne s’agit pas de malmener, sous fond de crise économique, ce système d’ajustement automatique et unique “.

Aide pour le carburant : 3 mois seulement

Lors de la conférence de presse, ce jeudi 31 mars 2022, Nora Back présidente de l’OGBL a exprimé le fait que “l’introduction d’une subvention étatique à hauteur de 7,5 centimes par litre sur les prix pétroliers jusque fin juillet 2022 (diesel et essence) devrait être prolongée. En effet, cette mesure n’est prévue que pour 3 mois“.

D’ailleurs, le syndicat ne se soumettra pas à ce paquet de mesures jugé “peu efficace” pour les ménages, les retraités et les salariés.

Pour les entreprises, c’est un coup dur !

Pour la Chambre de commerce au Luxembourg : “l’indexation automatique et intégrale des salaires et pensions à l’augmentation du coût de la vie est préjudiciable aux entreprises puisque les salaires évoluent principalement en fonction de l’indice des prix à la consommation nationale et non parallèlement à l’évolution de la productivité“.

Une affaire à suivre !

 

*Rappel de l’ensemble des mesures 

  • le maintien intégral de la tranche indiciaire prévue pour le 1er avril 2022 ;
  • le report à avril 2023 de la tranche indiciaire actuellement prévue pour août 2022 avec comme contrepartie l’introduction d’un crédit d’impôt énergie applicable pour les mois de report d’août 2022 à mars 2023 jusqu’à un revenu brut annuel de 100.000 € du contribuable, dans les tranches de revenu jusqu’à 68.000 € la perte de pouvoir d’achat due à la hausse des prix de l’énergie sera surcompensé ;
  • l’allégement de la charge des locataires par le biais d’un gel des loyers jusque fin 2022 et une adaptation de la subvention de loyers visant à élargir le cercle des bénéficiaires ;
  • l’introduction d’une subvention étatique à hauteur de 7,5 centimes par litre sur les prix pétroliers jusque fin juillet 2022 (diesel et essence) respectivement fin décembre 2022 (mazout) et une révision à la hausse du crédit d’impôt lié à la taxe CO2 ;
  • la promotion de la durabilité de l’utilisation rationnelle de l’énergie et des énergies renouvelables dans le domaine du logement par l’adaptation de la « prime house » afin de permettre un subventionnement plus fort des ménages à faibles revenus
  • des adaptations ponctuelles au niveau des bourses d’études et du REVIS.

Lire Comment marche l’indexation des salaires au Luxembourg ?

 

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