Banque. Mesdames les présidentes

Par Ronan Tanguy

Dans un milieu bancaire où le pouvoir de décision a longtemps été l’apanage des hommes, les femmes ont elles aussi accès, au fur et à mesure, aux postes à responsabilités. Comme au Crédit agricole où, sur le pays de Morlaix, elles sont quatre à être présidentes de caisses locales. Rencontre avec ce quatuor qui joue son rôle avec envie et détermination.

Sabine Hervé, Anne-Hélène Marc, Éliane Riou et Anne Le Boulch (de gauche à droite) ont en commun d’être, chacune, présidente d’une caisse locale du Crédit agricole.
Sabine Hervé, Anne-Hélène Marc, Éliane Riou et Anne Le Boulch (de gauche à droite) ont en commun d’être, chacune, présidente d’une caisse locale du Crédit agricole. (Photo R. T.)

Quel est le point commun entre Éliane Riou, 55 ans, agricultrice à Lanmeur, Anne Le Boulch, 52 ans, assistante commerciale à Landivisiau, Anne-Hélène Marc, 51 ans, assistante de direction à Saint-Pol-de-Léon, et Sabine Hervé, 48 ans, secrétaire générale de mairie à Sainte-Sève ? Toutes les quatre sont des femmes, bien sûr. Mais elles sont surtout, chacune, présidente d’une caisse locale du Crédit agricole. Des postes que les hommes se sont longtemps accaparés. Mais qui ne sont plus leur chasse gardée depuis quelques années.

La preuve avec la banque verte. Sur les 39 caisses du département, une dizaine sont présidées par des femmes, dont quatre sur le pays de Morlaix. « Il y a une féminisation accrue. Ça va dans le sens de l’histoire, même si on ne se fixe pas véritablement d’objectif de parité », confie le Taulésien Jean-Paul Kerrien, président de la caisse régionale du Finistère.


« Pas de défiance »


« On ne sent pas de défiance à notre égard », lancent, en chœur, les quatre « patronnes », chacune à la tête d’un conseil d’administration (CA) d’une quinzaine de membres. « Il y a une vraie proximité et une entraide entre les présidents », confie Éliane Riou. « Je suis arrivée à la caisse de Plouzévédé via le milieu associatif. C’est un concours de circonstances. On est sollicité, et puis un jour on est élu », sourit Anne-Hélène Marc. « Je suis entrée il y a 18 ans au CA de Landivisiau. Au fur et à mesure, je me suis investie. Jusqu’à mon élection il y a deux ans », complète Anne Le Boulch.

Pour la benjamine du quatuor, Sabine Hervé, c’est encore plus récent. La Sainte-Séviste est présidente de la caisse de Morlaix - une première pour une femme - depuis mars dernier. « Il y a un esprit bienveillant au conseil d’administration. On essaye d’avancer dans le même sens, sans préjugés, sans faire de politique », glisse celle qui n’a pas débarqué dans un milieu qui lui était totalement inconnu. Car son mari, Yvon Hervé, maire de Sainte-Sève et ancien président de Morlaix communauté, a occupé ce poste durant 18 ans dans les années 90 et 2000. « Oui mais, à l’époque, je regardais ça de loin, je ne savais pas trop en quoi ça consistait », indique-t-elle.


Arbitrer les partenariats


Représentation. C’est le terme qui résume le « job » bénévole de Sabine Hervé et de ses homologues. Représentation des sociétaires de la banque sur le territoire, mais aussi sur les événements que le Crédit agricole soutient financièrement. « On est assez souvent sollicité pour des partenariats. On se réunit en CA tous les deux mois pour décider lesquels sont accordés. Il faut parfois arbitrer. Qu’on soit un homme ou une femme, il faut trancher de la manière la plus juste possible. Les petites associations peuvent mériter tout autant que les grosses organisations », soulignent les quatre présidentes, qui doivent adapter leur emploi du temps à leur fonction au Crédit agricole. Avec des réunions régulières, souvent en fin de journée, et parfois à Quimper.

« Ce qu’il faudrait, c’est une quatre voies entre Morlaix et le Sud-Finistère », rigole Éliane Riou, propulsée il y a une décennie à la tête de la caisse de Lanmeur. « Tant que l’envie est là, je continue. Je ne me suis pas fixé d’âge pour arrêter. Mais je n’irai pas au-delà de la retraite. C’est quand on est en activité qu’on est dans la réalité économique ».


« C’est un engagement »


« C’est un engagement », complètent Anne-Hélène Marc et Anne Le Boulch, en évoquant « l’enrichissement personnel » apporté par la formation qui leur a permis de comprendre le fonctionnement d’une banque. Et de pouvoir s’impliquer dans leur rôle.

« S’investir, c’est le plus important », lâche Jean-Paul Kerrien. « Les femmes étaient probablement capables de le faire aussi à une certaine époque. Mais elles ne saisissaient pas les opportunités ou on ne leur offrait pas la possibilité de le faire. Aujourd’hui, on est très content qu’elles soient avec nous », prolonge le président départemental, pour qui « elles apportent une autre vision et une sensibilité différente ».

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