Après OFI AM, Meeschaert Amilton, Mandarine Gestion, Sycomore AM ou encore le néerlandais MN, Edmond de Rothschild AM ou La Financière de l'Échiquier, c’est au tour de Crédit Mutuel Asset Management et des Assurances du Crédit Mutuel d’annoncer qu'ils se prononceront contre la politique climatique du pétrolier. Si l’an passé le "Say on climate" de Total était une simple formalité, cette année, les actionnaires montent au créneau pour exiger une politique plus ambitieuse.

Et de 9 ! Alors que l’AG de TotalEnergies doit se tenir ce mercredi, les investisseurs font monter la pression. Dernier en date, le Crédit Mutuel annonce qu’il s’opposera au plan climat du pétrolier alors que le suspense sur son épilogue reste entier.  “Le rapport Sustainability & Climate – Progress Report 2022 de TotalEnergies prévoit une forte augmentation de la production d’hydrocarbures sur 2019-2030. Or, les énergies fossiles doivent avant 2030 être la cible d’une réduction significative conforme aux objectifs de long terme de l’Accord de Paris“, détaillent ainsi les Assurances du Crédit Mutuel pour expliquer leur position. 


Même si le vote sur les “say on climate” reste consultatif, le signal d’un rejet de la résolution serait fort. Pour cette raison, Crédit Mutuel Asset Management ainsi que les Assurances du Crédit Mutuel appellent à voter contre ce plan. Avant eux, huit autres investisseurs : MN, Meeschaert, CNP Assurances, OFI AM, Edmond de Rothschild, La Financière De l’Échiquier (LFDE), Sycomore AM ou encore Mandarine Gestion, ont confirmé qu’ils voteront contre le plan climat de TotalEnergies. 

Si l’an passé, les actionnaires de TotalEnergies avaient largement approuvé la stratégie climatique (à 91,88 %) pour saluer la démarche de transparence, ils avaient prévenu qu’ils seraient plus exigeants sur le fond cette année. Or, c’est là que le bât blesse : “les moyens annoncés nous semblent sous-dimensionnés pour atteindre l’objectif d’une baisse des émissions en ligne avec un scénario 1,5 degré“, indique ainsi OFI AM. La société de gestion évoque en outre des “incohérences” avec l’existence de “nouveaux projets pétroliers ou gaziers alors que les scénarios climatiques appellent à un arrêt de la production à moyen terme“. Mêmes arguments avancés par Meeschaert Amilton AM qui considère que les nouveaux projets de production fossile et d’exploration de la major sont incompatibles avec l’objectif de limitation du réchauffement climatique à 1.5°C. Contacté par Novethic, Ostrum AM, actionnaire de TotalEnergies, affirme ne pas vouloir révéler la teneur de son vote, tout comme Axa ou BNP Paribas Asset Management. Amundi ne le révèle pas non plus mais affirme qu’il clarifiera sa position d’ici un mois.

Des votes sanction

Pour sanctionner ce même manque d’ambition climatique, OFI AM va plus loin en votant contre le renouvellement du mandat de trois administrateurs. Il s’opposera aussi à la rémunération de Patrick Pouyanné, DG de TotalEnergies. “Ceci s’explique par les choix stratégiques en matière du climat qui sont approuvés et validés par le Conseil mais aussi par les défaillances en matière de gouvernance“, indique-t-il. MN, LFDE et Sycomore AM ont également fait savoir qu’ils voteront contre la rémunération de Patrick Pouyanné. 

Certains actionnaires avait pourtant remarqué les progrès réalisés de Total. Ainsi, fin avril, une coalition de 12 investisseurs français a abandonné son projet de résolution sur le climat jugeant avoir obtenu “des résultats sur une partie importante de nos attentes de transparence – en particulier l’enjeu clé de préciser la cible de moyen terme sur le scope 3 de l’ensemble des activités“, explique Helena Charrier, responsable solutions ISR de La Banque Postale AM. De son côté, BlackRock, deuxième actionnaire de TotalEnergies avec 6,2% du capital et 5,3% des droits de vote, a récemment fait savoir qu’il ne s’opposera pas au plan climat des sociétés.

Une évolution du cadre législatif

Une autre résolution émanant d’une coalition de onze actionnaires, menée par le néerlandais MN, a aussi été retirée, mais cette fois à la demande de TotalEnergies. Alors que ces investisseurs appelaient “la compagnie à fixer et publier des objectifs cohérents avec l’Accord de Paris“, le groupe pétrolier l’a rejetée car elle empiétait sur les compétences du conseil. Un argument qui passe d’autant plus mal que les investisseurs rappellent qu’en 2020, le groupe avait réagi différemment. Ainsi, ces investisseurs qui représentent 0,8% des titres et s’opposent au plan climat de TotalEnergies “réfléchissent aux prochaines étapes possibles“.

Cinq d’entre eux ont saisi l’Autorité des marchés financiers (AMF) pour contraindre le groupe pétrolier à inscrire leur résolution climat à l’ordre du jour. Cette dernière s’est déclarée incompétente mais tout n’est pas perdu pour les investisseurs engagés car le régulateur s’est prononcé en faveur d’une évolution du cadre juridique. Le président du gendarme français de la Bourse, Robert Ophèle, a indiqué “qu’une intervention du législateur serait bienvenue dans ce domaine“.  Une proposition pour mieux encadrer les résolutions climat pourrait voir le jour cet été. De toute évidence, le feuilleton à rebondissements offert par TotalEnergies va laisser des traces.

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