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Affaire Jacques Bouthier : qui est ce PDG «ambitieux et prétentieux», accusé de viols sur mineure ?

Rebaptisé Vilavi en début d'année, le groupe revendique 1800 salariés pour un chiffre d'affaires de 163 millions d'euros en 2020 et 720.000 polices d'assurance gérées.
Rebaptisé Vilavi en début d'année, le groupe revendique 1800 salariés pour un chiffre d'affaires de 163 millions d'euros en 2020 et 720.000 polices d'assurance gérées. Capture d'écran Dailymotion / Business 365

Mis en examen et écroué samedi dernier, cet «industriel de la distribution» nourrit l'image d'un homme d'affaires parti de rien, ayant construit son empire dans un bungalow de neuf mètres carrés planté dans son jardin voilà près d'un demi-siècle.

L'histoire de Jacques Bouthier ressemble en surface à celle de tous les autodidactes de sa trempe. En dépit d'une fortune personnelle estimée à 160 millions d'euros en 2020 selon l'hebdomadaire Challenges, Jacques Bouthier n'a rien d'un génie des services financiers. Son parcours est celui d'un babyboomer né en 1947 en région parisienne, issu d'un milieu modeste, sans diplôme. Mais qui, nourri par l'ambition dévorante de réussir, s'est construit seul son propre empire.

Ce «self-made-man», aujourd'hui âgé de 75 ans, ne manque d'ailleurs jamais une occasion d'entretenir le mythe autour de sa brillante trajectoire. Lui qui se définit bien volontiers comme «une grande gueule» et «un industriel de la distribution», aime se replonger au milieu des années 70, époque à laquelle il se jette sans retenue dans le domaine qui fera sa fortune : celui de l'assurance.

Tout commence en 1975 dans un bungalow installé à la hâte sur un morceau de pelouse. Jacques Bouthier a alors 28 ans, dont deux déjà passés dans le secteur de l'assurance comme agent général pour une compagnie. L'homme, qui après le bac, de courtes études de mathématiques et le service militaire, a déjà été patron d'une discothèque à Paris et travaillé pour une société pétrolière, se lance à son compte. «J'étais plutôt ambitieux et prétentieux», a-t-il confié au journal Entreprendre. Il fait d'abord l'acquisition à crédit d'une maison en bois à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), dont le jardin donne sur la rue. C'est là qu'il plante le fameux bungalow, d'environ neuf mètres carrés. «J'ai mis une secrétaire dedans, une ligne téléphonique et j'ai fait un peu de publicité, raconte-t-il lors d'interviews. Des gens sont venus, je les ai assurés et voilà». Et voilà. Ainsi naît l'entreprise Assu 2000, et avec elle, la légende. Jacques Bouthier transforme trois ans plus tard une auberge, située à un carrefour très passant de Rosny-sous-Bois, en agence commerciale. Avec l'ouverture de nouvelles agences, le lieu deviendra ensuite le siège social d'ASSU 2000.

À VOIR AUSSI - Le PDG d'Assu 2000, Jacques Bouthier, incarcéré pour viols sur mineure

«Un commerce de proximité» exerçant «une activité de grossiste»

Mis en examen et écroué samedi dernier pour «viols sur mineure», «recours à la prostitution d'un mineur», «traite des êtres humains», et encore «association de malfaiteurs en vue de commettre le crime d'enlèvement et séquestration en bande organisée», Jacques Bouthier a démissionné mardi de la présidence de sa société, après 47 années de gouvernance. Il n'en demeure pas moins l'actionnaire majoritaire. En presque un demi-siècle d'existence, la petite boîte de courtage, que son fondateur voyait au départ comme «un commerce de proximité» exerçant «une activité de grossiste», s'est muée en un empire de l'assurance, avec quelque 400 agences implantées en France et disposant d'une plateforme de télé-conseil basée à Tanger, au Maroc.

Rebaptisé Vilavi en début d'année, le groupe revendique 1800 salariés pour un chiffre d'affaires de 163 millions d'euros en 2020 et 720.000 polices d'assurance gérées. En outre, l'image de marque d'Assu 2000 a été renforcée ces dernières années par d'importantes campagnes de communication. Plusieurs célébrités, du monde du sport notamment, sont ainsi devenues les égéries du groupe. À l’instar des footballeurs Emmanuel Petit et Lilian Thuram, de la nageuse Laure Manaudou ou encore, dernier en date, du présentateur de Koh-Lanta, Denis Brogniart. Ex-champion de France militaire de saut à la perche - avec des barres franchies à 3m80 selon ses dires -, Jacques Bouthier a très vite cherché à lier sa passion du sport et de la compétition à sa philosophie de l'entreprise. «Il nous faut des collaborateurs qui soient en forme», assure-t-il en interview, vantant l'installation d'une importante salle de sport mise à la disposition de ses employés au siège d'Assu 2000, à Noisy-le-Sec.

Un homme très actif dans le milieu des affaires

Et s'il a transmis les manettes opérationnelles de son groupe à quelques fidèles il y a plusieurs années, Jacques Bouthier est resté très actif dans le milieu des affaires. Il est notamment le fondateur en 2014 de la holding Amapola, une société spécialisée dans le secteur des fonds de placement et des entités financières dont le simple capital social s'établit à 218 millions d'euros. Il est aussi le propriétaire depuis l'an dernier d'un vignoble sur les hauteurs de Saint-Tropez : le Château Saint-Julien d'Aille.

En mars dernier, une jeune femme de 22 ans s'est présentée aux policiers parisiens, expliquant que depuis cinq ans, elle était «captive» de Jacques Bouthier et que ce dernier la violait régulièrement. Devenant, selon ses dires, «trop âgée pour lui», la jeune femme aurait été forcée de trouver une «remplaçante» pour prendre sa suite. Une adolescente de 14 ans aurait alors pris sa place dans l'appartement. La plaignante serait parvenue à les filmer ensemble dans un lit, avant de confier la vidéo aux enquêteurs.

L'homme d'affaires aurait par la suite voulu mettre sur pied une équipe pour enlever la jeune femme, saisir la vidéo, et la forcer à quitter le pays. Pour cela, il aurait sollicité sa femme, deux employés de sa compagnie, une jeune femme proche de la plaignante, ainsi qu'un ancien gendarme membre du GIGN. Tous ont été mis en examen et incarcérés samedi.

L'enquête a été confiée à la Brigade de protection des mineurs (BPM) de la PJ parisienne. Une information judiciaire a par ailleurs été ouverte. Il appartient désormais à un juge d'instruction de mener la suite des investigations.


À VOIR AUSSI - La police et la justice «main dans la main» dans la gestion des mineurs non accompagné, selon Dupond-Moretti

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37 commentaires
  • Photini Mitrou

    le

    Il a une tête qui fait peur.

  • Klakmuf

    le

    Un profil idéal de mécène d'ONG d'accueil pour Mineurs Non Accompagnés. Il n'y manque qu'un yacht pour faire escale au Sud de la Méditerranée.

  • Seb Ecosse

    le

    Je suis surpris de la faible visibilite de cet article qui n'apparait meme pas en premiere page electronique. Meme en selectionnant la page societe, il faut encore le chercher pour le trouver... Des raisons particulieres pour ce choix de visibilite? Un sujet juge assez peu interessant par la redaction?

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