Après un faux départ en juillet, les nouveaux diagnostics de performance énergétique (DPE) sont de retour cette semaine. Des correctifs destinés à les fiabiliser ont été appliqués.

Murs « déperditifs » (qui donnent sur l'extérieur ou un local non chauffé), huisseries, chauffage, ventilation... rien ne doit échapper à l'œil du diagnostiqueur lorsqu'il entre dans un logement, ni l'orientation, les matériaux de construction ou l'épaisseur de la lame d'air dans le double vitrage. Les données sont ensuite condensées et pondérées par des coefficients. Au final, une note entre A et G sur la performance énergétique du logement : c'est le DPE, qui n'est plus informatif mais opposable depuis le 1er juillet, et avec un mode de calcul non plus basé sur les factures d'énergie mais plutôt sur les caractéristiques du bâtiment.

Toutefois, le signal d'alarme a été rapidement tiré par les professionnels du diagnostic comme par les propriétaires. En raison d'« anomalies » remarquées dans les premiers diagnostics effectués durant l'été, l'édition de DPE pour les logements construits avant 1975 (année des premières réglementations thermiques) avait été suspendue fin septembre. Depuis le 1er novembre, elle a repris avec des correctifs au logiciel.

Ainsi, un appartement de 80 mètres carré dans un immeuble haussmannien du 18e arrondissement, au nord de Paris, avait reçu à la rentrée la note G. Quelques semaines plus tard, avec le logiciel corrigé, le diagnostiqueur Karim Rebah, gérant d'Adeka Expertises, observe avec les mêmes données la remontée d'une catégorie.

L'estimation de coûts annuels d'énergie du logement, une information qui accompagne le DPE et ne manque jamais de faire réagir les propriétaires selon le diagnostiqueur, a quant à elle chuté de 500 euros environ. « On va être très vigilant, parce que derrière il y a quand même des enjeux importants d'obligations, des questions de rénovation, d'interdiction de louer. Ce n'est pas anodin », prévient Jean-Marc Torrollion, président de la Fédération nationale de l'immobilier (FNAIM).

Immobilier : le nouveau DPE va-t-il faire chuter la valeur de mon logement ?

Chasse aux passoires

Le DPE est devenu « un des piliers » de la transition énergétique avec la loi climat et résilience, souligne Lionel Janot, le président de la Fédération interprofessionnelle du diagnostic immobilier (Fidi). « Du coup, il fallait que le DPE soit fiable », ajoute-t-il, « satisfait » du correctif apporté.

La loi fait en effet la chasse aux « passoires thermiques », ces logements énergivores qui seront progressivement interdits à la location à partir de 2025. « La transition énergétique, il va falloir la faire, et le bâtiment ne peut pas y échapper », observe Karim Rebah. « Il n'y a pas 36 solutions : on isole si on veut consommer moins ».

Le nouveau DPE, c'est une dizaine de pages avec des codes couleurs et des schémas didactiques, notamment pour montrer la part en pourcentage de chaque élément dans les déperditions. Il inclut des recommandations, et selon les travaux réalisés, précise dans quelle catégorie de note le logement rénové se situerait.

Le ministère du Logement estime à 80 000 le nombre de DPE portant sur des logements construits avant 1975 ayant reçu la note de F ou G au cours de l'été, qui seraient donc « refaits de manière automatique », sans frais pour les propriétaires - le coût sera pris en charge via une indemnisation des diagnostiqueurs par l'État. Dans le cas d'une note D ou E, le propriétaire pourra demander une réédition, « sans frais supplémentaire non plus », avait-il annoncé dans un communiqué début octobre.

L'impact de ce nouveau DPE est très attendu, même si pour l'instant dans « l'euphorie » des ventes cet été, « il n'y a pas eu d'effet », note Jean-Marc Torrollion. Avec une nuance importante : « on a quand même des banques qui ont refusé des financements de (logements classés) G. » Et du côté des bailleurs ? « La prise de conscience arrive », constate Jean-Marc Torrollion.