Dès le mois de juillet 2022, les voitures neuves construites en Europe devront être équipées d'un boîtier qui donnera des informations sur le mode de conduite au moment d'un éventuel accident. Si quelques années vont passer avant qu'elles envahissent les rues, la question de leur impact sur le niveau de prime de l'assurance auto se pose. MoneyVox y répond.

Vraie révolution ou simple ajout technologique ? À partir du 6 juillet, les nouvelles voitures fabriquées dans l'Union européenne (directive de 2019) doivent être équipées d'une alarme anti-somnolence et anti-distraction, d'une aide au freinage d'urgence et... d'une boîte noire, semblable aux enregistreurs placés dans les cockpits des avions. Ces véhicules ne seront pas commercialisées avant minimum un an mais déjà plusieurs questions se posent.

Pourquoi une boîte noire ?

Pour justifier ce dispositif, la sécurité routière est mise en avant. Il permet ainsi d'enregistrer les paramètres de conduite 30 secondes avant et 10 secondes après un accident comme la vitesse, la phase d'accélération ou de freinage, le port de la ceinture de sécurité, l'usage du clignotant, la force de la collision ou le régime moteur.

Les données seront utilisées uniquement dans le cadre d'une enquête et consultée par les forces de l'ordre. Ces enregistreurs seront impossibles à désactiver et inaccessibles au conducteur. Par contre, contrairement aux boîtes noires des avions, les sons ne seront pas enregistrés et aucune image n'existera.

L'exemple des Etats-Unis est aussi avancé. Outre-atlantique, les enregistreurs existent depuis 2006, et les pouvoirs publics ont mesuré une baisse de 20% des accidents depuis cinq ans, selon le comparateur Assurland.com. Se sachant « surveillés » par leur voiture, les automobilistes auraient en effet tendance à se montrer plus vigilants.

Quid des véhicules d'occasion ?

Les véhicules d'occasion finiront par être concernés mais ces nouvelles obligations ne s'imposeront que.... plus tard. La première échéance de 2024 n'a pas été confirmée à ce statde. Reste à savoir ensuite si l'ajout sera obligatoire ou seulement en cas de changement de propriétaire alors que les deux roues ne sont pas concernés.

Une boîte noire jugée insuffisante et intrusive

« On aura que quelques données notamment sur la vitesse du véhicule qui n'apporteront pas toutes les précisions de l'accident, puisqu'on passe à côté de tout le reste, notamment les refus des priorités, l'usage du téléphone au volant, finalement ça n'apporte strictement rien si ce n'est un coût supplémentaire sur les véhicules », a regretté sur Franceinfo Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes.

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« À partir du moment où vous enregistrez des données, qu'est-ce qui nous garantie que l'État ou les organismes privés ne s'en serviront pas à l'encontre du conducteur. L'exemple typique c'est la prime d'assurance qui pourrait varier demain parce que vous avez eu un accident avec un conducteur en sortant votre véhicule de votre garage par exemple. Pour l'instant, on n'a pas ces garanties-là, donc c'est là-dessus qu'on alerte », souligne Nathalie Troussard, secrétaire générale de la Ligue des automobilistes sur RMC.

Quel effet sur la prime d'assurance auto ?

Les données ne seront utilisées qu'en cas d'accident ou à des fins statistiques pour des études anonymes de la sécurité routière garantissent les promoteurs de ce changement. « À ce stade, les informations ne seront en aucun cas transmises aux compagnies d'assurance. Et même si c'était le cas, cela ne constituerait pas de frein à l'indemnisation, assure Olivier Moustacakis, co fondateur de Assurland.com. En effet, les seules situations où l'assureur peut refuser une indemnisation sont en cas d'alcoolémie au volant ou de consommation de substances illicites. »

Néanmoins, l'expert craint une hausse du prix des voitures, également pointée par 40 millions d'automobilistes, liée à l'installation du boîtier. « Or, un véhicule plus onéreux est un véhicule qui coûte plus cher à assurer », insiste-t-il. Bonne nouvelle tout de même : « si l'objectif de faire baisser la sinistralité sur les routes de 20% comme aux Etats-Unis est atteint, on pourrait constater une baisse des primes, avec moins de sinistres à indemniser pour les compagnies d'assurance. »

Une baisse qui ne sera pas immédiate, quoi qu'il arrive et qui ne compensera pas tout de suite la hausse constatée de 16% de la prime moyenne depuis 10 ans.

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Le boîtier pour l'assurance auto ne fais pas recette

Assurances auto au kilomètre (« pay as you drive ») ou basées sur le comportement du conducteur (« pay how you drive ») ont deux points communs : aucune ne marche vraiment en France et toutes avaient la particularité de demander à l'origine (Boursorama avec Carapass ou Leocare ont choisi de fonctionner à la confiance avec le client), l'installation d'un boîtier de contrôle. Las, les automobilistes ont largement rejeté ce modèle jugé trop intrusif en France.

L'avantage d'une prime déterminée grâce à une application mobile que le conducteur doit toujours avoir avec lui sur son smartphone n'a pas convaincu malgré des promesses de gain comprises entre 12 et 40% selon le comparateur LeLynx.fr et un intérêt réel des consommateurs.

Chez les 25-34 ans : 73% plébiscitent l'assurance à la demande mais peu franchissent le pas... notamment parce que les assureurs proposent peu ce type de contrats.