Paul Carite, directeur général du Crédit agricole Pyrénées-Gascogne: "Des activités vont se délocaliser et ça va revigorer nos campagnes"

  • Paul Carite: "Maintenant on entre dans une nouvelle phase, il faut relancer l’économie".
    Paul Carite: "Maintenant on entre dans une nouvelle phase, il faut relancer l’économie". Photo DR
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P.-J. Pyrda

l'essentiel En poste depuis six mois, le directeur général de la caisse régionale du Crédit agricole Pyrénées-Gascogne qui regroupe le Gers, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques fait le point sur les mesures d'accompagnement mises en place par l'établissement bancaire depuis le début de la crise du Covid. Paul Carite se dit optimiste pour notre territoire car il observe des signes de reprise économique.

Voilà bientôt six mois que Paul Carite a pris ses fonctions de directeur général du Crédit agricole Pyrénées-Gascogne. Après avoir dirigé les caisses régionales de Guadeloupe et de Sud-Méditerranée, à Perpignan, c’est un retour aux sources pour ce Bigourdan, originaire d’Ossun. Paul Carite explique comment le CA Pyrénées-Gascogne se mobilise, dans le contexte exceptionnel de la crise du Covid, et alors que les signes d’une reprise économique sont perceptibles.

La pandémie du Covid-19 a engendré une crise économique et sociale majeure. Quel état des lieux dressez-vous à l’échelle du territoire de Pyrénées-Gascogne ?

Depuis le début de cette crise, le Crédit agricole Pyrénées-Gascogne est aux côtés de tous ses clients pour les aider à surmonter leurs difficultés. En tant que banque locale, nous sommes très impliqués, tant d’un point de vue économique que social. Cet engagement, au plus près du territoire où nous exerçons notre métier, repose sur ce socle de valeurs mutualistes qui a toujours guidé notre action. Maintenant, on entre dans une nouvelle phase : il faut relancer l’économie et en même temps se dire qu’il y a des cartes qui se redistribuent avec cette crise. À nous de tirer tous nos intérêts pour le territoire que nous aimons.

Parmi les mesures exceptionnelles prises par le gouvernement, il y a les Prêts garantis par l’Etat. Où en êtes-vous sur ce point ?

On en est à près de 4 000 prêts garantis par l’Etat et un déploiement en cours des nouvelles mesures de Prêts participatifs de relance. Le dispositif des PGE va se déployer jusqu’en juin 2021. Il a été densifié pour les entreprises du tourisme, un des secteurs les plus touchés par la crise. Il a aussi été étendu à l’agriculture. Là, on est dans une phase de consolidation ou de remboursement. On a déjà contacté plus de 95 % de nos clients : 85 % demandent la consolidation du prêt et seulement 15 % le remboursement. ça montre bien qu’il y a une prudence évidente des professionnels.

Vous parlez d’une redistribution des cartes. Dans quels domaines peut-elle s’opérer. Est-ce qu’un département rural comme le Gers peut en bénéficier ?

La crise a eu des effets très inégaux selon les secteurs. L’organisation économique et l’organisation du travail vont se transformer ces prochaines années. On a un vrai sujet de concentration urbaine en France et dans le monde. La crise du Covid, avec ses confinements successifs, a changé la donne. Beaucoup d’activités et d’emplois vont se délocaliser et ça va revigorer nos campagnes. Nos territoires méridionaux, de par la qualité de vie qu’ils offrent, sont très attractifs. On en voit des signes avant-coureurs sur le marché immobilier. Ce marché reste très tonique et très concurrentiel. Il y a une abondance de liquidités.

Vous êtes la banque de nombreux agriculteurs. Y a-t-il des motifs d’espoir pour ce secteur clé de l’économie gersoise ?

Oui, il y a des raisons objectives d’être optimiste pour l’agriculture. On voit que l’activité d’installation des jeunes est en train de s’accélérer. L’an passé, on a accompagné plus de 200 installations de jeunes agriculteurs dont 80 dans le Gers. Aujourd’hui, on a beaucoup d’investissements sur l’agroécologie, les fermes collectives de photovoltaïque, etc. Ce qui est impressionnant et qui va être un choc c’est qu’on va passer d’un recul de croissance de 8 % en 2020 à une reprise très forte de 5,4 % cette année.

N’y a-t-il pas un risque d’inflation ?

Ce risque existe, dans ce contexte de surchauffe économique. On voit qu’il y a une tension sur certaines matières premières mais sur le long terme, le risque d’inflation est maîtrisé. Pour revenir à l’agriculture, il y a beaucoup de choses qui militent aujourd’hui pour que les produits agricoles retrouvent de la valeur.

Cette crise a fragilisé le lien social. Comment agir, quand on est une banque, pour le réparer ?

Plus que jamais, la solidarité est le moteur de notre action. Au début de la crise, l’attention s’est focalisée sur les personnes âgées, ce qui est naturel. Le Crédit agricole a mis en place des aides pour les EHPAD, l’accompagnement dans les hôpitaux, les Banques alimentaires. On a aussi lancé un plan d’urgence pour les jeunes : cette aide est à la fois financière et alimentaire. On a aussi aidé à l’équipement informatique de jeunes victimes de la fracture numérique.

Le CA Pyrénées-Gascogne en quelques chiffres

- Le CA Pyrénées-Gascogne compte 2138 collaborateurs et 902 administrateurs au sein de 65 caisses locales. Elle accompagne près de 4 habitants sur 10 sur les trois départements: Gers, Hautes-Pyrénées et Pyrénées-Atlantique.

- L’établissement a consenti plus de 4000 prêts garantis par l’Etat pour un total de 517 millions d’euros: 16% de ces PGE ont été souscrits dans le Gers.

- 8 M€ ont été versés à des artisans, commerçants et professionnels ayant souscrit une assurance multirisque avec perte d’exploitation.

- 5M€ ont été versés au titre du fonds de soutien spécial à la filière aéronautique.

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