Pas vraiment un look de banquier avec sa chemise au col ouvert et son pantalon de toile adaptés à ses déplacements à vélo… Nicolas Théry préside le cinquième groupe bancaire français, fort de 15,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires et de 3,5 milliards d’euros de bénéfices, et qui compte 75 000 salariés. De par son statut mutualiste, le Crédit mutuel n’a pas d’actionnaires à rémunérer, mais des sociétaires exigeants quant aux missions d’utilité collective de l’entreprise. Explications.
Qu’est ce qui différencie une banque mutualiste d’une banque commerciale ?
Tout. La crise que nous venons de vivre a révélé la dimension révolutionnaire du mutualisme. Sa dimension d’utilité collective. On la retrouve aujourd’hui dans la prime de relance mutualiste, l’aide aux étudiants, la suppression du questionnaire de santé pour les crédits immobiliers. Mais ce que je trouve le plus frappant dans le mutualisme, c’est la dimension démocratique. On dit toujours «un homme, une voix», mais c’est plus profond que ça. C’est l’idée que le débiteur a les mêmes droits que le créditeur, que le plus modeste a les mêmes droits que le plus riche. Je suis élu en tant que président par une instance qui s’appelle la chambre syndicale de la fédération de Strasbourg, où il y a trois quarts de représentants des caisses du Crédit mutuel, et un quart de représentants des salariés. Et puis, il y a un principe de long terme, parce que quand on met 98 % de ses résultats financiers en réserve, on a une ré