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Assurance automobile : quand des Ontariens se sentent étouffés par le coût de leur prime

Des voitures roulent sur une autoroute.

Les dépenses en assurance automobile viennent s'ajouter à d'autres factures alors que l'inflation fait grimper le coût de la vie.

Photo : La Presse canadienne / Lars Hagberg

  • Nouemsi Njiké

Les coûts de l'assurance automobile font partie des questions qui préoccupent certains Ontariens. Ils les jugent exorbitants alors que s'ouvre la campagne électorale.

L’impact sur les finances d'automobilistes comme Jacques Ngassam est considérable. Ce résident de Scarborough est titulaire d’un permis G depuis 2011.

Franchement, si déjà l’assurance me prend 600 $ [par mois], je ne sais pas comment je peux survivre. Même s’il fallait travailler, quand on observe qu’on a un salaire minimum de 15 $ [de l'heure] quand on calcule, ça fait combien par mois?, s’interroge-t-il.

Je suis retourné à l’école pour être enseignant dans des écoles primaires ou secondaires. En tant qu’étudiant adulte, ça cause un gros trou dans mon revenu mensuel. Avec les quatre enfants que j’ai à la maison, je n’arrive plus à joindre les deux bouts.

Une citation de Jacques Ngassam, résident de Scarborough

Le coût des primes d’assurance automobile est en progression depuis des années en Ontario. Les résidents ne cessent de le déplorer.

Un amoncellement de factures

Jacques Ngassam affirme qu’il payait une prime d’assurance automobile mensuelle de 280 $ depuis plus de 5 ans. Mais un accident, qu’il décrit comme léger l’hiver dernier, a eu d’importantes conséquences sur sa prime, qui est passée à plus de 600 $.

Jacques Ngassam debout dans un vestibule.

Jacques Ngassam n'a pas d'autre choix que de se servir de son véhicule.

Photo : Gracieuseté de Jacques Ngassam

La situation est telle qu’il a envisagé de se départir de son véhicule. Il ne peut s’y résoudre pour le moment.

Je suis en train de travailler l'après-midi comme entraîneur d’enfants au soccer, je me dis que [garder la voiture] vaut la peine parce qu’aller dans les transports en commun avec des ballons, des cônes, c’est un peu plus difficile pour moi, indique-t-il.

Et puis, si je laisse tomber, il y a beaucoup d’enfants qui ont besoin de moi. Donc je me dis que ça vaut la peine de se sacrifier. [...] N’eût été cette obligation envers les enfants, j’allais laisser tomber la voiture.

Une citation de Jacques Ngassam, résident de Scarborough.

De son côté, Blaise Fodjo, résident d’Etobicoke, paie 360 $ de prime d’assurance automobile par mois alors qu’il conduit au Canada depuis 2014.

Blaise Fodjo assis dans un bureau en face d'un ordinateur.

Blaise Fodjo est d'autant plus mécontent qu'il compare les primes en Ontario à celles du Québec.

Photo : Gracieuseté de Blaise Fodjo

Cette prime d’assurance lui semble d’autant plus problématique qu’elle s’ajoute, explique-t-il, à d'autres dépenses.

Si tu dois payer l’assurance de ta voiture, 360 $, c’est énorme. C’est sans compter les autres dépenses : tu dois assurer la maison, ça tourne autour de 120 $, tu prends une assurance vie qui tourne autour de 100 $, s’offusque-t-il.

Si tu vas chercher les factures d’eau, d'électricité, de gaz, l'hypothèque, c’est énorme. Ce sont des factures qui étouffent.

Une citation de Blaise Fodjo, résident d’Etobicoke

M. Fodjo se dit frustré quand il compare cette somme aux 60 $ qu’il payait par mois pour son assurance automobile lorsqu’il résidait au Québec, il y a quelques années seulement.

Un graphique qui compare les moyennes d'assurance automobile au Canada par province en 2020.

L'assurance automobile en Ontario est considérablement plus coûteuse que dans nombre d'autres provinces canadiennes.

Photo : Groupement des assureurs automobiles/Bureau d'assurance du Canada

De fait, selon les données compilées par le Groupement des assureurs automobiles et le Bureau d'assurance du Canada, en 2020, le Québec était la province canadienne avec la moyenne de coût annuel le plus bas (857 $). L'Ontario quant à lui détenait la même moyenne de coût la plus élevée à 1655 $.

L'affaire de tous

Des critiques au sujet des prix de l’assurance automobile en Ontario se font également entendre dans le nord de la province.

Audrey Debruyne vit à Thunder Bay. Arrivée de France en 2012 et alors détentrice d'un permis de conduire depuis 17 ans, elle conduit dans le Nord de l’Ontario depuis près de 10 ans.

Audrey Debruyne debout dans un pièce.

Audrey Debruyne dit ne pas comprendre la logique derrière les assurances automobiles.

Photo : Gracieuseté d'Audrey Debruyne

En dépit de cette longue expérience de conduite sans accident, elle explique avoir l’impression que son assurance automobile augmente au fil des ans.

L'argument, c’est qu’elle augmente avec l’inflation. Je ne trouve pas ça très juste. Je n’ai pas eu d’accident, je suis une bonne conductrice, ça devrait diminuer. Mais au contraire, mon assurance me coûte un peu plus cher chaque année, partage-t-elle.

On doit faire attention quand on cherche une nouvelle voiture. On a plutôt tendance à acheter des voitures d’occasion. Si on veut un certain type de modèle, c’est compliqué puis nerveusement un peu prenant.

Une citation de Audrey Debruyne, résidente de Thunder Bay

Pour Mme Debruyne, les conséquences d’une prime d’assurance élevée se sont notamment faites sentir lorsqu’il a fallu chercher un nouveau véhicule.

On devait aussi avoir en tête combien ça allait nous coûter au niveau de l’assurance. La famille s’est agrandie aussi. Donc prochain achat, c’est sûr qu’il faut prendre en compte la taille de la voiture, le modèle, l'ancienneté, pour ne pas que l’assurance soit exorbitante, indique-t-elle.

Quelles solutions?

Pour répondre aux inquiétudes des Ontariens, Radio-Canada a contacté les quatre partis majeurs de l’Ontario : le Parti progressiste-conservateur, le Nouveau Parti démocratique, le Parti libéral et le Parti vert.

Seul le Nouveau Parti démocratique a répondu à nos sollicitations par la voix de Lisa Gretzky, députée provinciale de Windsor-Ouest.

Lisa Gretzky répond à des questions devant un micro à l'extérieur.

Lisa Gretzky accuse les Progressistes-conservateurs et les Libéraux de manquer de volonté pour faire changer les choses.

Photo : Elvis Nouemsi Njiké

Mme Gretzky affirme que le NPD, s’il venait à former le prochain gouvernement, agirait pour mettre fin à ce qu’elle considère comme une forme d’injustice.

À travers la province, il y a une discrimination qui se base sur les codes postaux. Donc, en fonction de la ville dans laquelle vous vivez, ou du code postal à l'intérieur de la ville dans laquelle vous vivez, les primes d’assurance diffèrent. Nous nous engageons à bannir la discrimination qui se fonde sur les codes postaux, explique-t-elle.

Nous nous sommes également engagés à explorer toutes les avenues possibles afin de faire baisser le prix des assurances, améliorer la qualité des services, imposer la transparence et nous assurer que l’Autorité ontarienne de réglementation des services financiers pense aux conducteurs d'abord.

Une citation de Lisa Gretzky, députée provinciale de Windsor-Ouest

Si elle ne fixe pas d’échéance précise et n’explique pas exactement quels mécanismes seront mis en place pour rendre l’assurance automobile plus abordable, Lisa Gretzky affirme néanmoins qu’un gouvernement néo-démocrate commencerait à travailler sur cet enjeu immédiatement après l'élection, écorchant au passage l'inaction des gouvernements précédents.

L’actuel gouvernement conservateur parle d'assurance automobile occasionnellement, mais n’a rien fait de concret pour garder le coût des primes d’assurance sous contrôle, en fait elles continuent à augmenter. On pourrait dire la même chose du précédent gouvernement libéral. [...] Les libéraux ont eu 15 ans pour faire quelque chose, indique-t-elle.

Dans son plus récent budget, le gouvernement progressiste-conservateur indique qu’il va modifier les règles de l’assurance automobile.

Le document donne les grandes lignes d'un plan qui, selon la province, donnera plus de choix aux conducteurs et assurera l'équité en matière d'assurance, tout en luttant contre la fraude.

Les conducteurs pourront mieux adapter leur assurance à leurs besoins et souscrire une couverture fondée sur l'utilisation du véhicule, selon le gouvernement qui ne donne pas plus de détails.

Avec des informations de la Presse canadienne

  • Nouemsi Njiké

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