Pechbonnieu : les casseurs de banque retournent en prison
Les jurés de la cour d'assises de la Haute-Garonne ont condamné les trois hommes accusés d'avoir attaqué le Credit Agricole de Pechbonnieu à 9, 7 et 6 ans de prison mercredi 16 juin. Les trois hommes, qui comparaissaient libres, ont retrouvé la prison à l'issue de ce verdict
Une audience de cour d’assises danse avec les émotions. Depuis lundi, le procès des casseurs de banque qui le 27 novembre 2015 ont attaqué à la pelle mécanique une agence bancaire du Crédit Agricole, à Pechbonnieu, n’y a pas échappé. Avec des victimes, d’une dignité remarquable pendant trois jours à Toulouse à l’image de cette femme sortie de sa voiture manu militari sous la menace d’une arme. « Et qui 5 ans après, privé de son travail, évite toujours le lieu du vol… Trop d’angoisse », indique son défenseur Me Frédéric Langlois. À l’image aussi des gendarmes de Castelginest, arrivés au milieu du casse cette nuit-là, puis partis à la poursuite du camion des suspects mais « poussés » au fossé par les accusés. « Pas des aventuriers guidés par le hasard, prévient leur défenseur Me Laurent Boguet. Non des malfrats préparés, déterminés. ». Mes Duconseil et Durand-Raucher ont aussi monté leurs arguments contre ces trois accusés que l’avocat général David Senat assomme au bout de presque 2 heures de réquisitoire. Il requiert 13 ans à l’encontre de Pascal Teso « le chef, le meneur, l’organisateur », 11 ans contre Cédric Lubet, « suiveur certes mais surtout bras droit » et 8 ans pour Steve Turgy, « l’homme de main, l’ouvrier ». Des peines motivées « par la violence » du trio avec en ligne de mire Pascal Teso, dont il moque « le Spagiarri à la petite semaine, l’Arsène Lupin de l’ordinaire » pour mettre en avant son rôle « de patron » dans une affaire « qui contrairement à ce que vous affirmez, ne doit rien au hasard ».
Pour contrer ce réquisitoire aux allures de jeu de massacre, la défense a ferraillé, argumenté. Mes Cécile Brandely et Julien Delorge ramènent le rôle de Steve Turgy « à celui d’un simple exécutant » très vite passé à autre chose, « dès qu’il a été mis en fuite ». « Le travail, la famille articulent sa vie d’aujourd’hui loin de ses erreurs du passé ». Ses avocats refusent un retour en prison « qui mettrait en échec tout ce qu’il a entrepris. »
Chasser les fantômes de Bessières
En défense de Cédric Lubet, Me Eric Mouton comme Me Alexandre Parra-Bruguière pour Pascal Teso luttent contre le dossier, et aussi contre le fantôme de Bessières, ce long tunnel qui a permis de vider les coffres de la banque, encore un Crédit Agricole en mars 2014. Pascal Teso avait imaginé le coup. Cédric Lubet, son presque fils, a suivi. Tous les deux ont été condamnés en 2018. Les avocats cherchent à écarter ce passé pour mieux profite du présent. « Bien sûr qu’ils ne sont pas les mêmes parce que depuis, il y a eu la prison », argumentent avec conviction, et talent, les deux avocats piétinant les arguments de l’accusation. « Quand on a manqué de tout petit, l’argent facile c’est tentant. Mais l’homme de 2014 et 2015 n’est pas celui qui se trouve devant vous. Il a changé, il l’a montré », insiste Me Mouton à propos d’un garçon devenu coiffeur, à deux pas du palais de justice. « Ses clients ne sont pas des repris de justice, ils travaillent plutôt ici », sourit l’avocat. Me Parra-Bruguière combat le masque de voyou qui colle à la peau de Pascal Teso. « C’est bien parce qu’ils n’ont pas préparé leur coup qu’ils ont été pris. À 51 ans, il est passé à autre chose. Libre, il le prouve depuis presque deux ans ! »
Les jurés et la cour, malgré des peines revues à la baisse, ont renvoyé les trois casseurs de banque en prison. Pascal Teso pour 9 ans, Cédric Lubet pour 7, Steve Turgy pour 6 ans. Lourde émotion.
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