Agnès Pannier-Runacher : ministre de la planification énergétique, un poste inédit

Agnès Pannier-Runacher : ministre de la planification énergétique, un poste inédit MINISTRE TRANSITION ENERGETIQUE. Agnès Pannier-Runacher va prendre en charge la planification énergétique. Elle devient l'une des deux ministres déléguées en charge des "planifications" du nouveau gouvernement.

[Mis à jour le 20 mai 2022 à 18h50] C'est officiel ! Agnès Pannier-Runacher devient la ministre chargée de la planification énergétique, tel que l'a annoncé le secrétaire général de l'Elysée Alekis Kohler. Ministre déléguée chargée de l'Industrie sous le gouvernement Castex a une longue carrière technique à son actif. De son côté, Amélie de Montchalin gérera la planification écologique et la cohésion des territoires. Elles seront les ministres déléguées chargées de l'environnement, sous la houlette de la Première ministre, Elisabeth Borne

Emmanuel Macron l'a répété durant sa campagne : ce nouveau quinquennat sera celui du "renouvellement", de la "nouvelle méthode", en particulier en ce qui concerne les objectifs climatiques. Le chef de l'Etat réélu compte faire du "défi du siècle" son challenge politique du mandat, en mettant en place une transition écologique et une transition énergétique. Le portefeuille de l'écologie est ainsi remodelé : il n'y aura plus de ministère de l'Ecologie tel qu'on l'a connu jusqu'ici puisque les questions écologiques seront directement placées sous la tutelle de la Première ministre Elisabeth Borne, qui fut elle-même ancienne ministre de la Transition écologique. Elle sera secondée par deux ministres délégués qui seront chargés de deux périmètres distincts, mais liés, autour de la "planification écologique". Pour celui qui recevra le portefeuille de la planification énergétique, le défi sera de taille : il devra ni plus ni moins "faire de la France la première grande nation à sortir du gaz, du pétrole et du charbon". Comment cet objectif peut-il être atteint ? Quel est le profil de celle qui prendra le poste?

Qui est Agnès Pannier-Runacher?

Agnès-Pannier-Runacher prend donc les rennes de la planification énergétique. Jusqu'alors, Barbara Pompili était en charge de l'entièreté de la responsabilité de ministre de la transition écologique : elle va donc disparaître du champ de vision de l'hôtel Roquelaure, et son poste avec elle. Qui est celle qui occupera le poste de planificateur énergétique ?

L'ex-ministre déléguée chargée de l'Industrie sous le gouvernement Castex a une longue carrière "technique" derrière elle. Après des débuts dans les finances et l'assistance publique, cette énarque a travaillé dans l'administration du service publique, notamment en tant qu'administratrice du SAMU social de Paris. En 2006, elle devient directrice adjointe de la Caisse des dépôts et consignations et est chargée du suivi actionnarial des filiales et des participations stratégiques. Elle rejoint le secteur privé en 2001 avec un poste à responsabilité chez l'équipementier d'automobiles Faurecia Interior Systems. S'en suivent alors de nombreux postes de cadre supérieur en entreprise, avec la présidence du comité d'audit du groupe Bourbon assurée de 2010 à 2018 ou du comité du groupe Elis. 

Entre un poste à Ashora France et à la fondation Grameem du Crédit Agricole, elle fait ses débuts en politique. Peu politisée à l'époque comme elle l'avait elle-même confessé, elle rejoint directement En Marche en 2016, figurant ainsi parmi les premiers soutiens d'Emmanuel Macron. Elle devient référente du parti pour le 16e arrondissement de Paris et fait partie de la commission d'investiture des candidats aux élections législatives. Son engagement lui vaut alors d'accéder à la haute sphère politique... Elle met fin à ses mandats lorsqu'elle devient secrétaire d'Etat auprès de Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances sous le gouvernement Philippe II, d'octobre 2018 à juillet 2020. Puis, lors du remaniement ministériel de juillet 2020, elle atterrit au poste de ministre déléguée chargée de l'Industrie, poste qu'elle a occupé jusqu'à la fin.

Le remodelage du ministère de l'Ecologie

Il faut aller "deux fois plus vite" sur ces questions écologiques dans l'objectif de placer le sujet "au cœur des années à venir en France'", a assuré Emmanuel Macron à l'aube de sa réélection. Si jusqu'ici, le ministère de l'Ecologie était consacré tantôt à l'Environnement, tantôt à l'Ecologie et au Développement durable, mais aussi parfois au ministère du Logement, le remodelage bientôt opéré va redessiner les contours du ministère. Le président avait détaillé ses objectifs climatiques lors de son meeting du 16 avril dernier à Marseille, un meeting "vert" dans lequel il avait fait de nombreuses promesses. Il vise principalement à réduire les discussions interministérielles autour de la question écologique en apportant plus de transversalité dans les prises de décisions. Il avait d'ailleurs déclaré : "Mon prochain Premier ministre sera directement chargé de la planification écologique, parce que cela concerne tous les domaines, tous les secteurs, toutes les dépenses, tous les équipements, tous les investissements, bref toutes les politiques, ce n'est pas simplement une politique, c'est la politique des politiques, et parce que cela démontre irréfutablement l'importance que nous accorderons à ce combat du siècle". 

Cette nouvelle administration est également détaillée par le rapport de France Stratégie "Soutenabilités ! Orchestrer et planifier l'action publique", publié le 9 mai, après deux ans de travaux. Il insiste sur l'importance d'orchestrer et de planifier l'action publique pour qu'elle devienne "durable, systémique et légitime" mais aussi de "concilier enjeux environnementaux, sociaux et démocratiques". Ainsi, Elisabeth Borne sera responsable de la coordination des questions écologiques : avec un ministre délégué à la planification écologique et territoriale et l'autre délégué à la planification énergétique, elle centralisera les décisions. D'après le rapport, cette nouvelle organisation devrait permettre de faciliter les échanges entre les secteurs économiques, mais aussi de fluidifier les accords de filières de manière à rendre la transition accessible à tous.

La mission du ministre chargé de la planification énergétique

Avec le ministère chargé de la planification écologique et territoriale, qui a pour mission d'organiser avec élus locaux la transition environnementale dans chaque territoire, le ministre de la planification énergétique œuvrera à cet effort environnemental. Ce futur rôle avait été détaillé par Emmanuel Macron alors qu'il était encore candidat à sa réélection, en particulier lors du fameux meeting du 16 avril dernier, à Marseille, lorsqu'il avait déclaré : "La politique à venir sera écologique ou ne sera pas", comme l'avait rapporté Le Monde. Faire de la France la première nation à sortir du gaz, du pétrole et du charbon était alors présenté par le chef de l'Etat comme un objectif atteignable via la planification d'une "stratégie de sobriété énergétique, car l'énergie qui pollue le moins est celle qu'on ne consomme pas". Ce poste à hautes responsabilités suppose notamment de multiplier par dix la puissance générée grâce à l'énergie solaire, de déployer 50 parcs éoliens offshores d'ici 2050, ou d'engager la construction de six nouveaux réacteurs nucléaire, qui, selon Emmanuel Macron, est "la seule énergie qui ne produise pas de gaz à effet de serre et qui ne dépende pas de la météo".

En outre, l'un des piliers de cet axe énergétique est l'élaboration d'une stratégie hydrogène pour les transports, que ce soit pour les avions, les trains, les bateaux ou les bus. L'hydrogène étant produit par l'électrolyse, le président alors candidat avait dit vouloir miser sur l'électricité, et en particulier sur la production d'électricité non-carbonée par le renouvelable et par le nucléaire. Cet hydrogène sans carbone devrait, à terme, permettre aux industries françaises de se passer du fioul, du gaz naturel, et de toutes les énergies fossiles, toujours selon les prévisions du chef de l'Etat.