C'est un aveu de difficulté financière, parfois même une démarche honteuse. Et pourtant, de plus en plus de Français se rendent au Crédit municipal où les prêts sur gage sont en forte hausse depuis le début de l'année. La faute bien sûr à l'inflation avec l’augmentation des prix qu’elle engendre. Alors, pour certaines familles, on ne peut plus joindre les deux bouts, et pour pouvoir continuer à manger, il n'y a plus beaucoup de choix. Dans ces établissements communaux ou publics, le principe est simple : en échange d'un objet de valeur (bijoux, tableaux, etc.), vous recevez de l'argent en liquide contre un taux avantageux. Les objets sont conservés jusqu'à remboursement.

Une femme interrogée par France info ne cache pas sa déception d'y avoir recours, mais elle espère pouvoir rembourser dans six mois. "C'est mon dernier recours pour continuer à faire manger mes enfants et mettre de l'essence dans ma voiture", lance-t-elle en espérant toucher 300 euros. Une autre femme rencontrée par Europe 1 n'a pas eu la même chance. Elle espérait aussi toucher quelques euros, mais l'établissement n'a pas voulu de ses bijoux fantaisie : "Ils ne me les ont pas pris parce que ce n'était pas de l'or. Même le plaqué, ils ne le prennent pas", avoue-t-elle dépitée.

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6.000 prêts depuis janvier

À Toulouse, le Crédit municipal, aussi appelé "ma tante", constate une forte hausse des demandes. Il y a quotidiennement entre 80 et 100 personnes, soit une hausse de 10% de la fréquentation. C'est du jamais-vu depuis la crise financière de 2008, décrypte Europe 1. Selon le patron du Crédit municipal de Toulouse, Franck Paindessous, interrogé par France info, "le prêt moyen est d'environ 600 euros". Il précise le genre de bien déposés, "essentiellement des bijoux en or, mais ce peut être aussi des tableaux, de l'argenterie, des foulards". À Toulouse, 6.000 prêts ont déjà été accordés.

Une autre femme, qui a récupéré 250 euros, dit être "soulagée" pour un petit moment, car "avec le prix de l'essence, les prix dans les magasins, on a besoin de ça". De façon globale, neuf personnes sur dix remboursent les sommes empruntées et les intérêts et récupèrent donc leurs objets. Mais la situation pourrait empirer. Il y a quelques jours, l'Insee a dévoilé ses prévisions d'inflation pour le second semestre, et elles ne sont guère bonnes. Elle est attendue à 5,4% en juin, tirée notamment par les prix de l'énergie et de l'alimentaire. Le Crédit municipal reste une solution et un "dépannage rapide et simple", mais beaucoup aimeraient l'éviter.