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Ces banques qui refusent des crédits immobiliers lorsque le logement est situé trop loin du lieu de travail

Un homme examinant les petites annonces immobilières

Un homme examinant les petites annonces immobilières - Philippe Huguen

Les banques sont de plus en plus attentives à la qualité des dossiers. Apport personnel, l'épargne après projet mais également l'éloignement par rapport au lieu de travail sont autant de critères que les banques examinent.

Avoir un bon salaire est de moins en moins suffisant pour obtenir un crédit immobilier. Depuis le début du mois de mars, dans un contexte marqué par le conflit en Ukraine, la hausse du coût des matériaux, de l’énergie et des matières premières, mais également les prix de l’immobilier élevés, les banques sont plus attentives à la qualité des dossiers de prêt, constate le courtier Vousfinancer.

Dans un précédent article, nous vous expliquions que l'apport personnel réclamé par les banques explose. Il faut désormais compter 52.594 euros d'apport personnel en moyenne en France, contre 29.405 euros l'an dernier, selon les chiffres du réseau de courtage Finance Conseil. Une progression spectaculaire (+78% sur un an). L'apport équivaut désormais à pratiquement 20% du coût total du projet (apport et crédit immobilier inclus).

Mais l'apport personnel n'est plus le seul critère pour déterminer la qualité du dossier. Les banquiers sont également attentifs à l'épargne après projet, afin d'être certains que les emprunteurs puissent faire face à d'éventuelles dépenses imprévues. La situation professionnelle, et notamment l’ancienneté des emprunteurs est également un critère important. "Les banques demandent actuellement toute systématiquement de l’apport personnel (…) et une épargne après opération qui ne sera pas mise dans le projet, mais servira à éviter la souscription d’un crédit à la consommation en cas de dépenses imprévues, comme des travaux de toiture ou l’achat d’une 2ème voiture, en limitant ainsi le risque de surendettement ou de non remboursement du crédit ", analyse Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer. La somme demandée varie d’une banque à l’autre et dépend de la situation des emprunteurs, mais correspond en général à 4 à 6 mensualités de prêt.

Des banques attentives à la vétusté du bien

Et ce n'est pas tout. Selon 51 % des courtiers interrogés par Vousfinancer, les banques sont également plus attentives qu’auparavant à la localisation du bien et notamment l’éloignement par rapport au lieu de travail. "Nous avons eu des refus de prêt à cause de l’éloignement du bien par rapport au lieu de travail, en raison de la charge financière trop importante que cela allait représenter en terme de carburant, voire même d’achat d’une 2ème voiture. Cela peut poser problème si la distance est supérieure à 50 km notamment, mais même en dessous, certaines banques limitent l’endettement maximum à 30% pour que l’emprunteur puisse faire face aux dépenses engendrées. Même si cela ne conduit pas systématiquement à des refus, le thème de l’éloignement domicile-travail est désormais plus fréquemment abordé", analyse Sandrine Allonier, directrice des études de Vousfinancer qui a calculé que réaliser 100 km par jour chacun pour un couple représente un coût de 500 euros par mois (hors péage) pour le ménage.

Et enfin, toujours selon le sondage de Vousfinancer, 60% des courtiers trouvent que les banques sont désormais plus attentives à la vétusté du bien (isolation chaudière) et au montant des travaux potentiels dans l’ancien, en lien avec la hausse du coût des matériaux. Elles sont également plus attentives, selon 52 % des courtiers, à la performance énergétique du bien pouvant avoir un impact sur le budget énergie des acquéreurs mais également sur des travaux éventuels à prévoir. "Certaines banques sont plus attentives que d’autres à la performance énergétique des logements. Il peut arriver qu’elles soient alors plus vigilantes à l’endettement des clients afin d’anticiper un éventuel prêt travaux ou conso dans les mois ou années à venir. Par ailleurs, concernant les biens vétustes elles sont attentives à ce que la part des travaux à financer ne soit pas démesurée par rapport à valeur du bien, ce qui pourrait entrainer un risque de moins-value en cas de revente et conduire à un non remboursement du prêt. Globalement elles sont actuellement plus regardantes sur la nature des travaux à effectuer, leur coût et les délais", explique Sandrine Allonier.

https://twitter.com/DianeLacaze Diane Lacaze Journaliste BFM Éco