Les parlementaires ont acté en février la possibilité pour les emprunteurs de résilier à tout moment leur assurance de prêt, et non plus seulement au cours de la première année ou à la date anniversaire du contrat. Pour contrebalancer cette mesure de libéralisation, Sénat et Assemblée nationale se sont aussi accordés sur la suppression du questionnaire médical dès le 1er juin pour les emprunts inférieurs à 200.000 euros et les clients de moins de 60 ans. Ces seuils planchers rendent éligible à la mesure la moitié des emprunteurs.

Complété à la signature du crédit, le questionnaire médical est avant tout une protection pour l’assureur. Elle lui permet d’être prévenu de l’existence d’une maladie grave chez son client, ce dernier ayant l’obligation de déclarer son cancer, sa sclérose ou encore son obésité. La disparition de cette formalité , qui bénéficiera à 137.000 personnes malades selon le courtier Réassurez-moi - est donc une mauvaise nouvelle pour les banques et les assureurs. Ils devront assurer le même risque, tout en le maîtrisant moins.

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Des hausses de tarifs pourraient donc apparaître pour l’ensemble des emprunteurs exemptés du questionnaire médical. “Certains assureurs nous ont parlé de 25% d’augmentation pour les prêts sous 200.000 euros confirme Astrid Cousin porte-parole du courtier en assurance Magnolia. Les hausses dépendront de la composition du portefeuille de clients de chaque assureur. Ceux bien positionnés sur les primo-accédants(plus nombreux à emprunter des sommes en dessous de 200.000 euros, ndlr) seront les plus pénalisés. A l’inverse, ceux captant une clientèle plus aisés avec de gros crédits le seront moins.” L’assureur Metlife, un des acteurs majeurs de l’assurance de prêt, est par exemple en première ligne sur cette question, lui qui est spécialisé dans la couverture des profils à risque.

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Certains professionnels craignent donc l’instauration d’un effet de seuil, incitant les emprunteurs à passer au-delà du plafond instauré. “Avec la mise en œuvre de la réforme de l'assurance de prêt, nous pouvons anticiper de gros écarts de tarifs entre les assurances "à l'aveugle" en deçà de 200.000 euros et celles "au prix du risque" au-delà. On devrait avoir beaucoup de souscriptions à 201.000 euros”, craint ainsi Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet de conseil Facts & Figures. Et ce dernier de conseiller, paradoxalement, aux emprunteurs en bonne santé de souscrire rapidement - avant le 1er juin - un contrat de plus de 200.000 euros pour pouvoir passer le questionnaire médical et obtenir les meilleurs tarifs. Lui aussi prédit une hausse de 20% des tarifs pour les contrats en deçà de ce plafond. Si le bien venait à coûter moins de 200.000 euros, une solution pourrait consister à rajouter une enveloppe de crédit dédiée à la rénovation énergétique du bien.

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Augmenter ses quotités d'assurance

Les ménages qui ne peuvent pas s’endetter davantage - normes contraignantes obligent - ou ceux qui ne le souhaitent pas devront donc subir des hausses de tarifs. Sauf s’ils activent un autre levier : les quotités d’assurance de prêt. Dans le cas d’un couple, les banques se montrent souvent souples en la matière, acceptant d’assurer chaque emprunteur à moitié, soit 50% sur chaque tête. En cas de décès ou d’invalidité d’un des deux emprunteurs, la moitié du prêt est ainsi prise en charge par l’assurance. Autrement dit, dans le cas d’un emprunt à 300.000 euros, chacun est assuré sur 150.000 euros.

“Pour contourner les futures hausses, une des solutions consiste à augmenter ses quotités, pour passer à 75% voire à 100% pour chacun des co-emprunteurs” explique Astrid Cousin. Certes, le coût de l’assurance sera plus élevé, mais rien ne dit que ce surcoût soit supérieur à celui induit par la suppression du questionnaire médical. Et au passage, l’emprunteur sera mieux couvert…