C'est l'une des mesures phares de Marine Le Pen, candidate du Rassemblement National pour cette élection présidentielle 2022 : la mise en place d'un prêt maximum de 100 000 euros, à taux zéro, pour les jeunes couples et transformé en cas de 3ème enfant. Selon l'Institut Montaigne, cette promesse aurait un coût non négligeable : près de 13 milliards d'euros par an.

Aider les Français à accéder à la propriété, tout en les incitant à concevoir plus d'enfants. Marine Le Pen, candidate du Rassemblement National au second tour de l'élection présidentielle 2022, a misé sur une mesure choc sur la question du logement : « Je propose, pour tous les jeunes couples souhaitant acquérir un bien immobilier, la mise en place d'un prêt public à taux zéro sur 10 ans, d'un montant maximal de 100 000 euros, dont le capital restant dû sera effacé dès la naissance du troisième enfant », promet la candidate dans son programme.

Une promesse qu'elle a réitérée le 15 avril au micro de France Info en expliquant que ce « prêt de l'État de 100 000 euros » serait adossé sur un prêt bancaire plus classique. Elle assume « une mesure de natalité » en le transformant en subvention en cas de troisième enfant.

Si les contours exacts de cette mesure n'ont pas encore été dévoilés, certaines questions se posent d'ores et déjà. Jusqu'à quel âge un « jeune couple » pourra-t-il bénéficier de ce prêt ? Un couple ayant déjà deux enfants peut-il prétendre à cette mesure, au risque pour l'État de ne se voir rembourser qu'une infime partie des 100 000 euros ?

Une mesure à 12,6 milliards d'euros par an

Dans le chiffrage de son programme présidentiel, Marine Le Pen estime en tout cas que cette mesure coûterait 2 milliards d'euros par an à l'État. Un chiffre largement sous-estimé, à en croire l'Institut Montaigne. Pour ce think-tank indépendant, la mesure coûterait selon l'estimation la plus optimiste 3,5 milliards d'euros par an, et jusqu'à 30,8 milliards en estimation haute si cette mesure rencontre un franc succès et que les taux d'intérêt immobiliers s'envolent. Soit, pour prendre une moyenne, un coût de revient de 12,6 milliards d'euros par an.

Comment alors financer cette mesure ? Selon Marine Le Pen, sa politique concernant l'immigration rapporterait 16 milliards d'euros à l'État. Un « calcul qui repose sur du vent », dénonce toutefois le prix Nobel d'économie Jean Tirole dans une tribune sur le site de La Dépêche du Midi. Plus globalement, « le programme de Marine Le Pen est une liste à la Prévert de dépenses supplémentaires, largement sous-estimées à 68 milliards d'euros par an, financées à l'aide de recettes hélas en partie fictives », assure encore Jean Tirole.

Et cette mesure pourrait avoir d'autres impactes contreproductifs, selon l'Institut Montaigne : « Si la mesure permet d'augmenter le pouvoir d'achat des jeunes couples par un prêt à taux zéro et doit permettre de réduire le taux d'effort des ménages, une telle mesure conduit d'une part à accroître significativement les risques sur la dette portés par l'État ainsi qu'à renchérir le prix de l'immobilier, déjà problématique en zones tendues, ce qui limiterait l'effet réel de la mesure. »

Présidentielle 2022 : les promesses des candidats pour le pouvoir d'achat