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BNP Paribas, Crédit Mutuel et Société Générale veulent mettre en commun leurs distributeurs de billets

Les trois banques lancent un projet d'étude inédit sur la mise en commun de leurs réseaux d'automates bancaires. Face à la baisse des retraits d'espèces, elles cherchent à optimiser la gestion de leur parc. Le projet concerne près d'un tiers des distributeurs en service en France.

Les trois groupes opèrent à ce jour 15.000 distributeurs sur les 48.000 en service en France.
Les trois groupes opèrent à ce jour 15.000 distributeurs sur les 48.000 en service en France. (Shutterstock)

Par Romain Gueugneau, Édouard Lederer, Gabriel Nédélec

Publié le 5 oct. 2021 à 08:30Mis à jour le 6 oct. 2021 à 11:55

Coup de tonnerre sur le marché très concurrentiel de la banque. BNP Paribas, Crédit Mutuel (hors Arkéa) et Société Générale souhaitent mutualiser leurs distributeurs automatiques de billets (DAB). Alors que l'usage du cash ne cesse de reculer, les trois réseaux, qui opèrent près d'un tiers du parc en France (15.000 machines sur un total de 48.000), annoncent ce mardi « étudier un projet de mise en commun de leurs automates bancaires pour garantir, ensemble et durablement, le meilleur accès au libre-service bancaire et renforcer l'offre de services pour leurs clients ».

Si le projet voit le jour - il n'y aura pas de DAB commun selon ses instigateurs avant fin 2023 -, les clients des trois banques auront la possibilité de retirer de l'argent, déposer des chèques et des espèces, ou encore imprimer un RIB sur des DAB partagés. L'espace client, sur les machines, devrait néanmoins rester propre à chaque banque. Les trois banques veulent que le service soit gratuit pour leurs clients.

Cette première étude, qui sera conduite jusqu'à la fin 2021, permettra de recueillir l'avis des différentes parties prenantes : représentants du personnel, collectivités ou encore transporteurs de fonds.

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Moins de cash

Pour les trois établissements, il s'agit d'abord d'accompagner la baisse de l'utilisation des chèques et du cash, encore accélérée par la crise sanitaire durant laquelle s'est généralisé le paiement sans contact. En 2020, les retraits d'espèces ont chuté de 23 %, selon le Groupement des Cartes Bancaires. 

Il s'agit surtout d'optimiser les coûts de gestion d'automates, indispensables mais de moins en moins utilisés, et donc plus chers à entretenir. Car cette opération devrait se traduire par des fermetures, même si les banques refusent d'en préciser le nombre.

Comme pour les agences bancaires , la suppression des DAB suscite des craintes dans l'opinion publique ou chez les élus locaux, notamment en zone rurale, qui les voient quasiment comme un service public. Face à ces suppressions, certaines communes se sont d'ailleurs dotées elles-mêmes de distributeurs, souvent en partenariat avec un transporteur de fonds.

« La question, ce n'est pas le nombre de DAB sur le territoire mais la répartition des points de contact », défend le représentant d'une des banques. BNP Paribas, Crédit Mutuel et Société Générale assurent d'ailleurs qu'ils porteront « une attention particulière à sécuriser l'implantation dans les territoires ruraux et isolés ». A ce jour, 99 % de la population française peut accéder à un distributeur en moins de 15 minutes en voiture, selon la Banque de France.

L'exemple belge

Ce type d'alliance, inédite en France, existe déjà en Belgique . Belfius, BNP Paribas Fortis, ING et KBC ont créé l'an dernier la société Batopin afin d'exploiter en commun 5.800 automates, soit les trois quarts du parc belge. Depuis, l'inquiétude monte outre-Quiévrain sur une diminution drastique du nombre de DAB.

« La mise en commun répond à un besoin d'amélioration du service. Si personne ne bouge, il y aura forcément une détérioration de l'accès au cash et de la fourniture des services », prévient un représentant d'une des trois banques françaises engagées dans le projet. Les trois partenaires indiquent que la mutualisation sera aussi l'occasion de moderniser le parc existant.

Si l'alliance reste ouverte à d'autres, il y a une logique à voir ces trois banques-là s'entendre. Elles sont complémentaires sur le plan géographique : avec respectivement 4.000 et 5.000 distributeurs, BNP Paribas et Société Générale sont toutes deux plutôt axées sur les centres-villes, alors que Crédit Mutuel est plus présent dans les territoires, avec 6.000 automates. Dans les centres-villes, les doublons seront logiquement nombreux.

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Des coopérations qui se multiplient

Ce sont, de plus, des banques habituées à coopérer : Crédit Mutuel Alliance Fédérale (la principale composante du groupe Crédit Mutuel) a fusionné ses activités de télésurveillance avec celles de BNP Paribas, qui vient par ailleurs de lui acheter sa participation dans Floa Bank.

Les banques à l'origine du projet ne voient pas d'obstacle en matière de droit de la concurrence car elles représentent moins d'un tiers du marché. L'ensemble des grandes banques travaillent déjà de concert sur des sujets d'infrastructure, comme le GIE Carte bancaire ou la solution de paiement sans contact Paylib. Reste à voir si d'autres réseaux seront tentés par ce projet.

Romain Gueugneau, Edouard Lederer et Gabriel Nedelec

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