Qui pour remplacer Olivier Véran ?

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Les urnes ont parlé : le Président de la République a été réélu ce dimanche 24 avril avec 58,5 % des suffrages exprimés. Un nouveau Premier ministre sera rapidement nommé et un gouvernement formé. Le grand mercato politique a déjà commencé : trombinoscope des possibles futurs locataires de l’avenue de Ségur.

Qui pour remplacer Olivier Véran ?

Une hypothèse n’est pas à négliger : qu’Oliver Véran se succède à lui-même. Le neurologue, député de l’Isère, s’est imposé comme un poids lourd de la Macronie pendant la crise sanitaire. Certains évoquent même son nom pour Matignon. Il est, cependant, devenu un épouvantail pour les opposants aux restrictions sanitaires et le corps médical lui voue également une certaine inimitié. Il souffre également d’une image de « monsieur mauvaise nouvelle » et de père fouettard qui pourrait lui coûter les ors de la république et lui valoir de retourner sur les bancs du Palais Bourbon ou même à ses chères études.

Petit ministre deviendra grand

Si Olivier Véran est sur le départ, trois personnalités politiques seront dans les startings block, car elles occupent déjà des fonctions gouvernementales sous la responsabilité du ministre de la santé : Brigitte Bourguignon, Adrien Taquet, et Laurent Pietraszewski.

Dans cet attelage, c’est sans doute Brigitte Bourguignon qui tient la corde, députée durant 9 ans (socialiste puis LREM), ancienne présidente de la commission des affaires sociales, ministre chargée de l’autonomie, Brigitte Bourguignon coche toutes les cases (sans oublier la case parité homme-femme). En outre, venue de la gauche, elle pourrait facilement soutenir la proposition du Président de la République d’instaurer le tiers-payant généralisé (TPG).

Les hommes du président

Durant la campagne, Emmanuel Macron s’est adjoint trois référents santé : le Dr François Braun, le Dr Sebastien Mirek et Pascale Mathieu (présidente de l’Ordre des kinésithérapeutes). Si nommer une kinésithérapeute, profession pour laquelle on est en train de créer un accès direct serait un symbole important, c’est le Dr François Braun qui semble s’être imposé dans ce trio. Il a été invité régulièrement à défendre le bilan et le programme du président-candidat, ce qu’il a fait avec un certain brio, tout en apparaissant comme un homme resté libre. Président du syndicat SAMU-Urgences de France depuis 8 ans et chef du service des urgences du CHR de Metz, le Dr Braun jouit d’une certaine popularité auprès des médecins et n’a pas terni son image durant la crise Covid malgré ses nombreuses interventions. Néanmoins, son absence de vraie expérience politique pourrait l’écarter du poste. Peut-être pour un secrétariat d’Etat ?

Le vivier de l’Assemblée

La commission des affaires sociales a toujours été un vivier de futurs ministres. Deux de ses membres se sont particulièrement fait remarquer ces dernières années : les docteurs Thomas Mesnier et Stéphanie Rist. Médecins, députés, membre de la commission ils ont toutes les qualités requises pour occuper le poste.

C’est sans doute le Dr Thomas Mesnier, l’actuel rapporteur, qui est le plus proche des deux de l’Avenue de Ségur. Il a ainsi largement contribué à plusieurs réformes du quinquennat : le service d’accès aux soins, le plan Ma santé 2022, etc.

Reste que ces deux postulants pâtissent d’une certaine hostilité du corps médical, en particulier par leur défense résolue des transferts de compétences et de l’accès direct à certaines professions.

Où est le ministre ? Au cabinet

Comme cela arrive parfois, le futur ministre de la santé pourrait également être issu d’un cabinet gouvernemental. Le choix se porterait alors, par exemple, sûr, Jérôme Marchand-Arvier, ancien directeur général adjoint de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris et chef de cabinet d’Olivier Véran. Il pourrait s’agir également d’Anne-Marie Armenteras, ancienne directrice de l’offre de soins et conseillère santé du Président de la république, comme Annelore Courry, énarque et ancienne directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins de la caisse nationale de l’assurance maladie.

Dans ce panel de hauts fonctionnaires, un homme pourrait faire la différence : Nicolas Revel.

Considéré comme un très proche du président, diplômé de l’ENA, il a dirigé la CNAM pendant 6 ans avant d’être nommé directeur de cabinet de Jean Castex. Il avait même été pressenti pour remplacer Gérard Collomb comme ministre de l'Intérieur en 2018 mais avait décliné pour « raisons personnelles ».

Il a néanmoins pour handicap de ne pas être médecin. Or, rappelons que par deux fois Emmanuel Macron a choisi un praticien à ce poste.

Un ministre d’ouverture ?

Elu par une majorité de non-macroniste, Emmanuel Macron pourrait aussi faire le choix de l’ouverture. Pourquoi pas en nommant Marisol Touraine, figure idéale pour soutenir le tiers-payant et qui apparaît de plus en plus souvent dans les cercles de la macronie et qu’on a vu dimanche, tout sourire, pour saluer la victoire du Président. Mais la défiance, voir la répulsion qu’elle inspire aux médecins est sans doute un handicap trop important.

Un homme, en revanche, bien qu’outsider, pourrait se voir propulser membre du gouvernement : le Pr Philippe Juvin.

Candidat malheureux à la primaire de la droite, figure de la crise Covid, Monsieur Santé des LR, le Pr Philippe Juvin est peut-être le candidat idéal d’un gouvernement élargi. Mais parviendrait-il à soutenir le TPG ? On a bien vu de vieux barons socialistes soutenir la retraite à 65 ans et la suppression de l’ISF…

La surprise du chef

Mais Emmanuel Macron est coutumier des nominations inattendues : n’a-t-il pas choisi par deux fois des premiers ministres que personne ne pressentait et quasiment inconnus. Il pourrait par exemple choisir un profil du type de celui d’Agnès Buzyn et sélectionner le Pr Dominique Le Guludec qui lui a succédé à la tête de la HAS. On connaît également l’appétence du Chef de l’état pour les énarques (ses deux premiers ministres l’étaient), pourquoi pas alors chercher dans le tout petit milieu des énarques-médecins, un profil à la Laurent Alexandre en somme, qui n’a d’ailleurs, il le sait,  aucune chance d’être nommé ministre de la santé !

Frédéric Haroche

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