« Elle n’avait pas vu de médecin depuis 2017... » : en Seine-Saint-Denis, les femmes incitées à prendre soin de leur santé

Alors que les taux de dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus restent plus bas dans le département qu’ailleurs en France, l’Assurance Maladie proposait ce mardi une journée d’information et de prévention destinée aux femmes.

Bobigny, ce mardi. Une journée d'information et de prévention dédiée à la santé des femmes a été organisée par l'Assurance Maladie. Ici, Hélène Pellissier, du Centre régional de coordination des dépistages des cancers explique comment fonctionne le dépistage du cancer colorectal. LP/E.M.
Bobigny, ce mardi. Une journée d'information et de prévention dédiée à la santé des femmes a été organisée par l'Assurance Maladie. Ici, Hélène Pellissier, du Centre régional de coordination des dépistages des cancers explique comment fonctionne le dépistage du cancer colorectal. LP/E.M.

    « Il y a urgence à agir. » C’est ainsi que l’Assurance Maladie de Seine-Saint-Denis explique l’organisation, ce mardi, de sa deuxième journée dédiée à la santé des femmes. Elle s’est déroulée dans le centre d’examen de la CPAM à Bobigny, où avaient été installés des stands d’information et de prévention. Plus de 200 personnes s’y sont rendues.

    « On sait que les femmes prennent moins soin de leur santé, en fonction de la charge mentale et du degré de précarité. C’est particulièrement vrai en Seine-Saint-Denis où il y a davantage d’emplois précaires, davantage de familles monoparentales, davantage d’enfants par femme », énumère la directrice de la gestion du risque à la CPAM 93, Marie Lafage, chiffres à l’appui.

    Ainsi dans le département, le recours au dépistage organisé et gratuit des cancers du sein (tous les deux ans, entre 50 et 74 ans) et du col de l’utérus (tous les trois ans, entre 25 et 65 ans) est plus faible qu’ailleurs : 49,3 % pour le cancer du sein (55 % en France) et 43 % pour le cancer du col de l’utérus (56,5 % en France), selon les dernières données de l’Assurance Maladie.

    Parmi les stands, un gros espace a donc été réservé à l’information sur cette thématique. « Les questions que l’on me pose portent sur l’accès au dépistage, sur les modalités, sur les délais, explique Hélène Pellissier, du Centre régional de coordination des dépistages des cancers (CRCDC). J’explique de manière très pratique et je dédramatise les choses. » Son objectif : que chaque personne reparte avec sa prise en charge. Elle peut être effectuée sur place ou rendez-vous est pris pour l’assurée.

    C’est le cas de Shazia, 52 ans, venue de Montfermeil avec son association de cours de français. « J’ai pu tester mon taux de sucre dans le sang, on m’a expliqué comment bien me laver les dents et j’ai un rendez-vous pour une mammographie à la fin de mars, explique-t-elle en anglais. Il y a de très bonnes informations sur la santé ici. »

    « On lève des réticences »

    Brenthele Ragupalan, infirmière, vante les échanges simplifiés avec les patientes : « Une jeune femme de 30 ans, avec des comportements à risque, a voulu faire un point sur les infections sexuellement transmissibles. Elle est en situation d’obésité donc on a aussi abordé les questions du diabète et du cholestérol. Elle n’avait pas vu de médecin depuis 2017. Ma porte était ouverte, elle est entrée, explique la professionnelle de santé. À chacune, je propose un bilan de santé et des analyses complètes. Elles sont tout de suite partantes. »

    Pour cette journée, les mairies ont largement relayé l’information et certaines ont mis à disposition des minibus pour emmener les patientes.

    Une attention particulière a été portée sur les femmes sans médecin traitant déclaré ou bénéficiant de la complémentaire santé solidaire (l’ex-CMU). 2 000 habitantes ont été contactées par courrier puis relancées par téléphone, notamment sur la question du dépistage. « Cela permet de basculer vers un taux de recours au dépistage plus important, explique Marie Lafage. Au téléphone, les femmes vont poser des questions : où aller ? Est-ce que ça fait mal ? On lève des réticences, des freins. » Une pratique d’« aller vers » amplifiée depuis la crise sanitaire. Et l’objectif affiché par la CPAM est désormais « de proposer des journées santé des femmes hors les murs, en partenariat avec les communes volontaires », poursuit la directrice de la gestion du risque.