La petite Romane, violoncelle sur le dos saute de joie. Quelques jours après la rentrée, le papier d’assurance qu’elle présente à sa professeure d’instrument constitue un sésame : « Je peux ramener mon violoncelle à la maison ! ». Son enthousiasme n’est pas feint. Son instrument a passé l’été au conservatoire. Elle peut enfin le retrouver. « Ils attendent ce moment-là avec impatience », témoigne la professeure de violoncelle de la Cham, à Vannes, Virginie Bedrine.
Les petits CE2, eux, doivent attendre plusieurs semaines après le début des apprentissages de la musique pour ramener leurs instruments à cordes à la maison. La date des vacances de la Toussaint est retenue pour eux. « C’est un point très important, précise Claire Le Gall, coordinatrice du dispositif de la classe à horaires aménagés musique à Kerniol. On leur dit que c’est un instrument fragile, qu’il faut en prendre soin ». Ces violons, altos et violoncelles sont fournis par la ville de Vannes, par le biais du conservatoire.
« Quand j’aime quelque chose, j’y fais attention »
Charline, du haut de son expérience d’un an et demi d’alto a intégré les règles de base : ne pas courir avec, ne pas le faire tomber, bien sûr. « On essaie de faire attention. Et ce n’est toujours pas cassé ces petites choses, se félicite la petite fille de 9 ans. J’en prends soin. Quand j’aime quelque chose, j’y fais attention ».
Arthur, violoniste en CM2, détaille lui aussi les précautions prises. Au chaud dans leurs boîtes, les instruments suivent les enfants en classe, puis en cours d’instruments, avant de rentrer à la maison le soir. Il raconte la souffrance de crins de cheval des archets. « L’année dernière, il y en a beaucoup qui ont perdu des crins ».
Les instruments grandissent avec les enfants
Le soin apporté à l’instrument contribue à rendre les enfants plus responsables, plus autonomes. Une fois les consignes passées régulièrement en CE2, les enfants intègrent cet aspect, relayés par les parents, eux aussi sensibilisés. Quand ils peuvent enfin le ramener chez eux : « Alors là, c’est le bonheur, estime Claire Le Gall. Ils peuvent enfin le montrer à leurs parents ». Ou en jouer à leur lapin, comme s’en amuse la petite Ankhiluun.
Et les instruments grandissent avec les enfants. À chaque rentrée, c’est le passage obligé : les enfants testent les différentes tailles de violons, altos et violoncelles pour les adapter à leur nouveau gabarit. Comme le résume Charline : « C’est vieux aussi, ça appartenait à pleins d’élèves. Avant, le mien, il appartenait à Miradie ». L’an prochain, un autre petit instrumentiste devra en prendre soin.